Donald Trump, inculpé pour avoir conservé des documents confidentiels après son départ de la Maison Blanche, comparaîtra mardi devant un tribunal de Miami, une affaire qui est à ce stade la plus dangereuse pour l'ex-président républicain visé par plusieurs enquêtes. Le milliardaire, qui ambitionne de revenir au pouvoir en 2024, fait face à pas moins de 37 chefs d'inculpation, dont « rétention illégale d'informations portant sur la sécurité nationale », « entrave à la justice » et « faux témoignage ». Dans les cartons de documents qu'il a gardés — et dont certains ont été stockés dans une salle de bains — figurent des informations confidentielles sur des armes nucléaires, selon l'acte d'accusation de 44 pages révélé vendredi. Violer les lois sur la sécurité nationale « met notre pays en danger », a dit, sévère, le procureur spécial Jack Smith, un homme de loi connu pour sa rigueur qui a supervisé l'enquête de plusieurs mois. Le magnat de l'immobilier dénonce à cor et à cri une « chasse aux sorcières » visant à entraver sa candidature à la présidentielle et accuse « la gauche radicale » d'être derrière ses déboires. Si pour l'instant son camp serre les rangs, des personnalités de droite n'hésitent pas à juger l'affaire sans appel. Ainsi son ancien ministre de la Justice Bill Barr, devenu l'un de ses détracteurs, s'est dit dimanche « choqué par le degré de sensibilité » des documents saisis chez l'ex-président. « Si rien que la moitié de tout cela est vrai, alors il est grillé », a-t-il assené sur Fox News. « C'est un acte d'accusation très, très détaillé. Et il est très, très accablant. » Allocution mardi soir C'est la première fois qu'un ancien président américain est inculpé au niveau fédéral. Mais Donald Trump a déjà été inculpé pour plusieurs fraudes comptables par la justice de l'Etat de New York, en lien avec un paiement réalisé avant la présidentielle de 2016 pour faire taire une actrice de films X qui dit avoir été sa maîtresse. Un dossier juridiquement moins solide. L'ancien président a atterri lundi après-midi à Miami, où il est attendu le lendemain à 15H00 locales (19H00 GMT) au tribunal fédéral. Selon l'une de ses avocates, il devrait plaider non coupable. Il a annoncé lui-même la semaine dernière qu'il était convoqué devant la justice mardi, soit la veille de son 77e anniversaire. Aux Etats-Unis, une loi oblige les présidents à transmettre tous leurs e-mails, lettres et autres documents de travail aux Archives nationales. Une autre, sur l'espionnage, interdit de conserver des secrets d'Etat dans des lieux non autorisés et non sécurisés. En janvier 2021, quand il avait quitté la Maison Blanche pour s'installer dans sa luxueuse résidence Mar-a-Lago, en Floride, Donald Trump avait pourtant emporté des dizaines de cartons emplis de dossiers. Avant, selon l'acte d'accusation, de tout faire pour les conserver en dépit de demandes répétées de la justice. Quel impact cette affaire aura-t-elle sur ses chances de devenir le candidat des républicains à la présidence ? Nombre de ses partisans continuent de lui jurer leur soutien, persuadés qu'il est victime d'une machination. Selon un récent sondage CBS News/YouGov, trois quarts des électeurs susceptibles de voter aux primaires républicaines estiment que les accusations portées contre M. Trump sont motivées par des considérations politiques. Mais le fait que cette inculpation soit liée à la défense nationale pourrait lui nuire. Donald Trump n'en a probablement pas fini avec les problèmes judiciaires. Une procureure de Géorgie doit en effet annoncer d'ici septembre le résultat de son enquête sur les pressions qu'il a exercées pour tenter de changer le résultat de la présidentielle de 2020. À Miami, les autorités ont renforcé la sécurité pour parer à tout débordement en cas de manifestation, après des appels sur les réseaux sociaux à défendre M. Trump. Après sa comparution, ce dernier doit partir pour le New Jersey, où il prononcera une allocution depuis son club de golf de Bedminster à 20H15 locales.