Des dépenses pour des travaux aux domiciles de ministres font l'objet d'une vive polémique dimanche 21 mai en Afrique du Sud, après des révélations concernant des frais, jugés par certains excessifs, pour des rideaux, l'extermination de cafards ou la rénovation de cuisines. Le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), a annoncé qu'il déposait une plainte auprès de l'organisme de surveillance anticorruption du pays, lui demandant d'enquêter sur ce qui semble être «une corruption manifeste et une inflation sensible» dans l'entretien des demeures ministérielles. «Notre pays ne peut tout simplement pas se permettre de continuer à payer le style de vie luxueux de ministres qui vivent comme des rock stars, alors que les coupures de courant, le chômage et la pauvreté atteignent des niveaux critiques», a déclaré Leon Schreiber, chargé du dossier de la fonction publique au sein de la DA. 4,4 millions d'euros pour entretenir des propriétés Cette annonce de plainte intervient après que le gouvernement a révélé qu'entre 2019 et 2022, il avait dépensé environ 93 millions de rands (4,4 millions d'euros) pour entretenir 97 propriétés occupées par des fonctionnaires, y compris des ministres, au Cap et à Pretoria. La remise à neuf d'une cuisine du Cap a, par exemple, coûté au contribuable 1,4 million de rands, tandis que le remplacement d'une tringle à rideaux et l'élimination de cafards, à deux adresses distinctes de Pretoria, ont été facturés respectivement 54.000 rands (2500 euros) et 240.000 rands (11.000 euros). Des sommes importantes ont aussi été consacrées à l'installation, la réparation ou la recharge de générateurs électriques permettant de maintenir la lumière allumée au domicile des ministres, dans une période de crise énergétique qui plonge une grande partie du pays dans l'obscurité jusqu'à 12 heures par jour. Ces révélations pourraient être mal reçues par l'opinion publique et aggraver les difficultés du président Cyril Ramaphosa, élu sur des promesses d'éradication de la corruption au sommet de l'Etat après le mandat entaché par des scandales politico-financiers de son prédécesseur Jacob Zuma. Venues en réponse à une question parlementaire posée par la DA, elles ont poussé le ministre des Travaux publics et des Infrastructures, Sihle Zikalala, à ordonner une enquête, déclarant que certains coûts n'étaient «pas justifiables» et qu'il s'agissait d'un «méfait». Le ministre s'est toutefois efforcé de dédouaner ses collègues, en pointant du doigt les «prestataires de services» qui, selon lui, semblent utiliser le gouvernement comme une «vache à lait». «En tant que gouvernement, nous ne sommes pas prêts à défendre l'indéfendable, mais nous exercerons notre droit de regard pour faire le ménage sur cette question, qui discrédite injustement les responsables publiques», a déclaré Sihle Zikalala ce samedi dans un communiqué.