Le roi Mohammed VI a invité le président algérien Abdelmadjid Tebboune à venir «dialoguer» au Maroc, faute de n'avoir pu le faire lors du sommet de la Ligue arabe à Alger, un sommet marqué par plusieurs fractures politiques, a déclaré le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita. Le sommet d'Alger est un flop cuisant : d'abord, «plusieurs dirigeants arabes sont absents». Ramtane Lamamra, a tempéré le camouflet qualifiant le taux de participation au Sommet d'Alger de «respectable et très important », et soulignant le « niveau élevé de pertinence» de l'ordre du jour, rapporte l'agence officielle de presse APS. Ensuite, «le gouvernement algérien a choisi de faire coïncider la célébration du 68e anniversaire du début de la guerre d'indépendance (guerre de Libération pour les Algériens) et l'ouverture du 31e sommet de la Ligue arabe qui se tient les 1er au 2 novembre dans la capitale algérienne, comme pour mieux signifier son ambition de revenir au premier plan de la scène diplomatique», notre La Croix, un tour de passe-passe qui a fait grincer des dents... «Patatras. Jusqu'à l'avant-veille de l'ouverture du sommet, Alger comptait accueillir le roi Mohammed VI. Le souverain marocain a fait machine arrière dans la dernière ligne droite. C'eut été un joli coup pour l'Algérie de renouer les liens avec son frère ennemi après avoir rompu ses relations avec Rabat en août 2021», écrit le journal français. Plus amer, il affirme : «Qu'il est loin le temps où l'Algérie régnait en tête du monde des non-alignés et s'imposait sur la scène internationale. Le président Abdelmadjid Tebboune peine à renouer avec cette grandeur passée, après la si longue éclipse de l'Algérie depuis l'AVC qui avait lourdement handicapé le président Abdelaziz Bouteflika en 2013. Le pays a, entre autres, beaucoup perdu en poids et en aura dans le soutien à l'autodétermination du Sahara.» Selon un observateur interrogé par le journal, «le recul de l'Algérie est considérable. Le Maroc, lui, a tissé sa toile géoéconomique, et religieuse – avec la formation des imams africains –, il s'est imposé sur une partie du continent africain jusqu'à son grand retour au sein de l'Union africaine, au nez et à la barbe de l'Algérie». «Sur la scène arabe, certains membres influents de la Ligue n'ont pas hésité à barrer la route à l'Algérie. Ainsi par deux fois en 2020 et 2022, l'Alger n'a pas obtenu qu'un de ses diplomates soit nommé envoyé spécial de l'ONU en Libye alors que Ramtane Lamamra était pressenti en 2020 et Sabri Boukadoum, avant l'été», a-t-on rappelé. Le roi Mohammed VI a réitéré à plusieurs reprises ces dernières années une «main tendue» à l'Algérie, malgré la dégradation des relations bilatérales. «Nous aspirons à œuvrer avec la présidence algérienne pour que le Maroc et l'Algérie puissent travailler, main dans la main, à l'établissement de relations normales entre deux peuples frères», avait plaidé en juillet le souverain à l'occasion de la traditionnelle fête du trône.