L'UE a annoncé lundi préparer « une intervention d'urgence » sur le marché de l'électricité pour limiter les factures des Européens, et planche sur « une réforme structurelle » afin d'endiguer l'envolée des prix, sous la pression des Etats membres. Une telle réforme du marché commun de l'électricité, réclamée de longue date par la France mais qui divisait les Vingt-Sept, sera au menu le 9 septembre à Bruxelles d'une réunion des ministres de l'Energie de l'UE, qui devraient aussi se pencher sur la proposition par plusieurs Etats d'un plafonnement des prix. « La flambée des prix de l'électricité montre clairement les limites du fonctionnement actuel du marché. Celui-ci avait été conçu dans un contexte très différent », a reconnu Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, lors d'une conférence à Bled (Slovénie). « C'est pourquoi nous travaillons en ce moment à une intervention d'urgence et à une réforme structurelle du marché », où les prix de l'électricité sont étroitement corrélés aux cours du gaz, a-t-elle ajouté, sans plus de précisions. La date du 9 septembre a été annoncée lundi par le ministre tchèque de l'Industrie, Jozef Sikela, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE. « Nous devons réparer le marché de l'énergie. La solution au niveau de l'UE est de loin la meilleure », a-t-il souligné sur Twitter. S'exprimant à ses côtés lors d'une conférence de presse à Prague, le chancelier allemand Olaf Scholz a également appelé les Etats membres à s'entendre « rapidement » et de « façon coordonnée » sur une réforme. Le système actuel « ne peut pas être décrit comme fonctionnant normalement s'il conduit à des prix de l'électricité aussi élevés », a-t-il critiqué. Mais comme une réforme prendrait du temps, Prague propose dans l'immédiat « un plafonnement des cours du gaz destiné à produire de l'électricité ». « Ce serait une solution efficace et moins coûteuse qui devrait réduire les prix » pour les consommateurs, a fait valoir M. Sikela. Une proposition soutenue par la Belgique: « Aujourd'hui, l'électricité est produite à un prix beaucoup plus bas que le prix auquel l'électricité et le gaz sont vendus », ce qui justifie « d'agir à la source, via un blocage des prix, un plafond au niveau européen », aVAIT déclaré dimanche la ministre de l'Energie belge, Tinne Van der Straeten. Seuls deux Etats membres, l'Espagne et le Portugal, ont jusqu'à présent eu le feu vert de Bruxelles pour déroger aux règles de l'UE en imposant un plafond aux prix énergétiques, en raison de leurs faibles connexions aux réseaux européens. – « Une folie »- Les appels à modifier le marché commun de l'électricité se multiplient alors que, après six mois de guerre en Ukraine, les prix de l'énergie s'envolent à des niveaux stratosphériques, faisant craindre une explosion du coût de la vie l'hiver prochain. Sur le marché européen, c'est le prix de revient de la dernière source d'électricité mobilisée pour répondre à la demande, souvent les centrales au gaz, qui détermine le prix qui s'impose à tous les opérateurs du continent. Ce prix s'est envolé de concert avec la flambée des cours du gaz liée à la baisse drastique des livraisons gazières russes à l'Europe. Dimanche, le chancelier autrichien Karl Nehammer avait appelé l'UE à « découpler le prix de l'électricité de celui du gaz » pour « arrêter cette folie ». Ce découplage était réclamé par Paris, qui estime que les consommateurs français sont pénalisés, empêchés de bénéficier pleinement des bas coûts du nucléaire par un mécanisme jugé « obsolète ». « Je souhaite que nous puissions aller au bout de cette dynamique et véritablement avoir un marché de l'électricité qui soit protégé des éléments de spéculation (…) nos pays aujourd'hui sont victimes d'une formule de prix et d'hypothèses de base qui ne correspondent plus à la réalité », a réaffirmé lundi le président français Emmanuel Macron. Paris, soutenu par Madrid, avait mis le sujet sur la table à l'automne dernier au moment où les cours du gaz s'envolaient déjà, dopés par la reprise économique post-Covid. Mais, dans une déclaration commune publiée en octobre 2021, neuf Etats membres, dont l'Allemagne, s'étaient alors farouchement opposés à toute réforme du marché de l'électricité, jugeant le système actuel efficace pour « contribuer à l'innovation » et « faciliter la transition » vers des énergies vertes.