Depuis début septembre, plusieurs personnes soupçonnées d'appartenir au MAK, mouvement accusé de terrorisme, ont été arrêtées et emprisonnées, écrit le journal Le Point. «Une série d'arrestations et de mises sous mandat de dépôt visent, depuis début septembre, des membres effectifs ou présumés du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK), classé comme organisation « terroriste » par les autorités algériennes depuis le 18 mai. Le MAK, dont le président Ferhat Mehenni réside en France et est visé par la justice algérienne, et le mouvement Rachad (en exil, regroupant notamment des anciens du FIS dissous) sont accusés par Alger d'être impliqué dans la provocation des incendies, notamment en Kabylie, cet été et dans le lynchage et l'assassinat du jeune volontaire Djamel Bensmaïl le 11 août» rapporte le journal Le Point. Le quotidien français dresse un fil chronologique des arrestations menées par le régime algérien contre de supposés militants du mouvement MAK. «Le 23 août, 92 suspects dans cette affaire de meurtre qui a secoué le pays ont été arrêtés dans plusieurs régions du pays et 43 d'entre eux ont été placées sous mandat de dépôt. Depuis, des dizaines d'arrestations ont ciblé des militants ou des sympathisants du MAK à Tizi-Ouzou et Béjaïa, les principales villes de Kabylie» rapporte-t-on. Le 6 septembre, à Kherrata, près de Béjaïa, et à Beni Ouartilane, dans la région de Sétif, la police a indiqué avoir arrêté «27 individus accusés d'appartenance à l'organisation terroriste MAK et de tentative de semer la fitna [discorde] et la terreur auprès des citoyens à l'instigation de parties établies à l'étranger». Le 8 septembre, la police annonce «l'arrestation et le placement en détention provisoire de 30 suspects, dont 7 membres du mouvement terroriste MAK». Le 13 septembre, 16 autres personnes sont arrêtées à Tizi-Ouzou et à Béjaïa «toutes membres du MAK», selon la police qui précise dans un communiqué que « parmi les individus arrêtés, figure un membre fondateur [du MAK], le trésorier de l'organisation et un président de coordination ainsi qu'un journaliste qui étaient tous en contact direct avec Ferhat Mehenni. Le journaliste en question, Mohamed Mouloudj, qui travaille pour le quotidien privé Liberté, a été placé mercredi dernier, après deux jours de garde à vue, en détention provisoire à la prison de Koléa, à l'ouest d'Alger. «Mardi dernier, le journaliste et chercheur Fodil Boumala, activiste en vue du hirak, a été arrêté et son domicile perquisitionné, il a été présenté ce jeudi devant le parquet du tribunal de Sidi M'hamed à Alger-centre.» Ces arrestations et poursuites ont révolté plusieurs organisations politiques et des sensibilités de la société civile. «Dans le dossier [de sept prévenus dont Mohamed Mouloudj], on ne trouve aucun fait. Ce sont des accusations infondées», a déclaré l'avocat Amar Zaïdi au quotidien El Watan. Son confrère maître Abdelghani Badi aborde un autre aspect : le non-respect, selon lui, de la non-rétroactivité des lois. «Malheureusement, des affaires ont été soumises récemment à la justice où les personnes concernées sont interrogées sur des faits très anciens, mais en application des lois promulguées dernièrement», plaide Me Badi sur sa page Facebook, des réactions rapportées par la même source. En juin, l'amendement de l'article 87 bis du Code pénal a permis d'élargir la définition du terrorisme, incluant deux nouveaux paramètres : «accéder au pouvoir ou à changer le système de gouvernance par des moyens non constitutionnels» et «porter atteinte à l'intégrité du territoire national ou d'inciter à le faire, par quelque moyen que ce soit». De son côté, le Front des forces socialistes (FFS), a qualifié ces dernières arrestations d'«arbitraires», dénonçant «le recours systématique à la gestion sécuritaire des affaires de l'Etat pour contrer les aspirations populaires à la liberté, à la dignité et à la justice sociale». Le FFS s'est également interrogé sur «le timing de cette escalade sécuritaire et judiciaire». Pour le plus vieux parti de l'opposition la proximité du rendez-vous électoral serait plutôt propice à un «certain nombre de mesures d'apaisement», souligne Le Point. Ce jeudi, l'écrivain et journaliste Kamel Daoud a prévenu contre «des possibles dérives dans la lutte contre ce séparatisme redécouvert ennemi numéro un de la nation depuis quelques semaines». «Le MAK, autrefois une secte minoritaire, n'a pu si facilement recruter les âmes et les convictions que par défaut, écrit Kamel Daoud, et ce défaut, il ne s'agit pas de l'aggraver par l'erreur ou le choix "sécuritaire"' pour traiter de cette menace», des propos mentionnés par Le Point.