Les Marocains sont appelés aux urnes mercredi 8 septembre à l'occasion d'un triple scrutin – législatif, municipal et régional – dont le principal enjeu est le renouveau politique après une décennie poctuée d'échecs du Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste). Le PJD dirige le gouvernement depuis 2011 à la faveur de coalitions souvent peu homogènes. «La campagne électorale a été particulièrement terne en raison des contraintes imposées par la lutte anti-Covid» écrit le journaliste Frédéric Bobin. Pour lui, «le départ forcé en 2017 d'Abdelilah Benkiran, [ancien chef du PJD reconduit à la tête du gouvernement mais incapable de former son équipe en raison des exigences exprimées par l'un des partenaires, avait illustré l'étroitesse» et le peu de consensus que dégage le PJD. M. Bobin démontre l'obsession du PJD à s'accrocher au pouvoir, quitte à valider des décisions qu'il a contestées par ses canaux officiels ou officieux, telle la reprise des relations avec l'Etat hébreu, l'adoption en 2019 «d'une loi renforçant la place du français dans l'enseignement public, à rebours des anciennes politiques d'arabisation» au point de «souffrir du désenchantement d'une frange de son électorat». M. Bobin estime également que le «tassement pressenti de son influence pourrait être facilité par un nouveau calcul du quotient électoral (désormais rapporté au nombre d'inscrits et non plus des votants)», affirmant que «le PJD pourrait ainsi se retrouver au coude à coude avec trois autres formations : le Rassemblement national des indépendants (RNI) et le Parti authenticité et modernité (PAM), ainsi que le Parti de l'Istiqlal (PI)». Pour conclure, M. Bobin estime que la concurrence «entre ces quatre formations devrait renforcer la capacité d'arbitrage du palais lors des négociations autour d'une future coalition gouvernementale».