La pandémie qui fait rage depuis 17 mois a plongé plus de 100 millions de travailleurs supplémentaire dans la pauvreté, révèle l'ONU mercredi, à cause de la chute des heures de travail et de l'évaporation de bons emplois. A la fin de 2021, le monde comptera encore 75 millions d'emplois de moins que si la pandémie, qui a démarré en Chine, n'avait pas eu lieu. Et même fin 2022, le retard ne sera pas rattrapé, avec 23 millions d'emplois de moins qu'en l'absence de la crise sanitaire qui a déjà fait plus de 3,5 millions de morts. Sans un effort délibéré d'accélérer la création d'emplois décents, et de soutenir les membres les plus vulnérables de la société et la reprise dans les secteurs économiques les plus touchés, les effets de la pandémie pourraient se faire sentir pendant des années sous la forme de pertes de potentiel humain et économique et de plus de pauvreté et d'inégalité. Le rapport de l'OIT montre que quelque 205 millions de personnes devraient être sans emploi en 2022, soit bien plus que les 187 millions de 2019. Mais ces statistiques officielles cachent une réalité beaucoup plus sombre parce que le nombre d'heure travaillées s'est effondré. En 2020, se sont 8,8% de toutes les heures travaillées qui se sont évaporées par rapport au dernier trimestre de 2019, soit l'équivalent de 255 millions d'emplois à temps plein. Et même si la reprise économique pointe dans certaines régions du monde, à la fin de l'année il manquera toujours l'équivalent de 100 millions d'emplois à temps plein. Même si la situation de l'emploi doit s'améliorer quelque peu au cours du second semestre de cette année, la reprise sera inégale et en particulier à cause du fossé qui sépare les taux de vaccination dans les pays riches de celui des pays qui le sont moins. Ces pays émergents et en développement auront aussi du mal à mettre en place des plans de relance conséquents. Moins d'emplois et d'heures travaillées se traduit mécaniquement par plus de pauvreté. Par rapport à 2019, 108 millions de travailleurs sont tombés dans les catégories pauvres ou très pauvres, ce qui veut dire que les foyers qui dépendent d'eux doivent vivre avec moins de 3,2 dollars par jour. La pandémie à effacé cinq ans de progrès. Pour les deux milliards de personnes qui travaillent dans le secteur informel, les conséquences de la pandémie ont été catastrophiques comme pour les femmes qui ont quitté le marché du travail en masse, y compris dans les pays riches, pour s'occuper des enfants, privés d'école.