La pandémie du Covid-19 a entrainé des dommages massifs sur l'emploi et les revenus, avec des perspectives de reprise en 2021 lente, inégale et aléatoire "à moins que les premières améliorations ne soient soutenues par des politiques de redressement centrées sur l'humain", a affirmé lundi L'organisation internationale du travail (OIT). "En 2020, 8,8 % des heures de travail au niveau mondial ont été perdues en comparaison au quatrième trimestre 2019, ce qui équivaut à 255 millions d'emplois à temps plein", fait constater l'Observatoire de l'OIT dans un nouveau rapport, relevant que "les pertes en heures travaillées ont été particulièrement importantes en Amérique latine et dans les Caraïbes, en Europe du Sud et en Asie du Sud". Les pertes en heures de travail pour 2020 ont été environ quatre fois plus importantes que pendant la crise financière mondiale de 2009, souligne l'organisation. Les dernières prévisions pour 2021 indiquent que la plupart des pays devraient connaître une croissance relativement forte dans la deuxième moitié de l'année, au fur et à mesure que les programmes de vaccination seront opérationnels", indique le rapport. "Trois scénarios prévues" L'Observatoire de l'OIT a prévu trois scénarios. Celui de référence table sur une baisse de 3% des heures de travail en 2021, si la pandémie est sous contrôle et si la confiance des entreprises et des consommateurs revient. "Nous sommes à la croisée des chemins. L'un d'entre eux mène vers une reprise économique inégale, non-durable, une reprise teintée d'inégalités grandissantes et d'une instabilité croissante, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles crises", met en garde Guy Ryder, directeur général de l'OIT, en indiquant qu'un autre chemin est possible qui passe "par une reprise centrée sur l'humain afin de mieux reconstruire en donnant la priorité à l'emploi, aux revenus et à la protection sociale, au droit du travail et au dialogue social". L'OIT note que les femmes ont été plus touchées que les hommes. "En particulier, les femmes risquaient beaucoup plus que les hommes de devoir quitter le marché du travail et de se retrouver inactives", note l'organisation. L'impact de la pandémie sur les jeunes travailleurs Les jeunes travailleurs ont été également particulièrement impactés, soit en perdant leur emploi, soit en quittant la vie active ou encore en retardant leur entrée sur le marché du travail, indique le rapport, qui parle de risque "d'une génération perdue". Les pertes d'emplois chez les jeunes (âgés de 15 à 24 ans) s'élevaient à 8,7%, par rapport à 3,7% au-delà de 24 ans. Sans surprise, le secteur le plus touché par la pandémie est celui des activités d'hébergement et de restauration, qui a perdu un cinquième de ses emplois. Par contre, l'OIT souligne une hausse des embauches au deuxième trimestre et au troisième trimestre 2020 dans l'information et la communication ainsi que dans les activités financières et d'assurances.