Rabat a ordonné la suspension des expulsions après la fermeture annoncée de l'espace aérien avec l'Espagne et la France pour des raisons de santé. Les vols d'expulsion de migrants convenus entre l'Espagne et le Maroc depuis décembre 2020 marquent une pause à la demande du Maroc depuis la semaine dernière, selon l'agence EFE qui cite des sources liées aux opérations contre l'émigration irrégulière. La suspension des vols – qui transportaient environ 80 personnes par semaine depuis quatre mois – a été décidée la semaine dernière, après que le Maroc a décrété la fermeture de l'espace aérien avec l'Espagne et la France pour des raisons de santé à compter du 30 mars. Le dernier vol est parti ce jour-là et il n'y a pas de date pour sa reprise, bien que vendredi dernier la compagnie Royal Air Maroc, la seule compagnie qui opère ces vols, ait annoncé que la suspension des vols avec l'Espagne et seize autres pays serait prolongée au moins jusqu'à 21 décembre. Quatre vols de déportation partaient chaque semaine de Gran Canaria (dans certains cas de Madrid) et débarquent à Laâyoune, au Sahara, à la demande expresse du Maroc. Pendant que les vols d'expulsion étaient en vigueur, la police a retenu ces émigrants pour appliquer le «remboursement administratif», qui consistait à les embarquer dans un avion dans les 72 heures suivant leur arrivée ou à les interner dans l'un des deux CIE (Centre pour l'internement des étrangers) existant sur les îles, ces derniers sur ordonnance expresse d'un juge. Ainsi, les vols de déportation, convenus avec le Maroc fin 2020, ont transporté au maximum 1 400 émigrants, sur des voyages où ils sont toujours accompagnés par des policiers espagnols. Dans le dernier rapport sur les migrations aux îles Canaries du Médiateur, son propriétaire, Francisco Fernández Marugán, a détaillé que 11 998 des 23 023 immigrants arrivés dans les îles en 2020 (52%) étaient de nationalité marocaine; de ce nombre, seule une petite partie a embarqué sur des vols de déportation. La police espagnole évoque souvent «l'effet dissuasif» de ces vols, alors que le Maroc multiplie les campagnes de communication qui mettent en garde contre le danger d'émigration irrégulière et les risques d'expulsion.