Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a formulé, en six axes, ses recommandations pour réussir la relance du tourisme et son repositionnement stratégique à l'échelle nationale et internationale. Voici ces recommandations qui ont été présentées, mardi à Rabat, lors d'un atelier de restitution virtuel dédié à la présentation de l'avis intitulé «le tourisme, levier de développement durable et d'intégration: pour une nouvelle stratégie nationale du tourisme» : Prérequis – Une gouvernance intégrée et efficace: – Instaurer une loi-cadre du tourisme; – Promouvoir une planification stratégique intégrée, impliquant une convergence des moyens et des ressources et un suivi-évaluation pour toute la chaîne de valeur; – Assurer une meilleure synergie entre l'Office national marocain du Tourisme (ONMT) et la Société marocaine d'ingénierie touristique (SMIT) en soutenant leur transformation tout en renforçant leurs rôles et leurs moyens en conformité avec les standards internationaux; – Eclairer davantage l'investisseur sur les opportunités offertes par le secteur du tourisme; – Repenser la politique aérienne du Maroc. Axe 1 – Le tourisme durable et responsable : – Opérationnaliser la charte marocaine du tourisme durable. Cette charte devra notamment s'inscrire dans les priorités des objectifs de développement durable (ODD), de l'agenda 2030 et des stratégies nationales en matière de développement durable, promouvoir un dialogue social constructif entre les différentes parties prenantes et donner la priorité à l'emploi décent et la généralisation du système de protection sociale aux travailleurs touristiques; – Investir dans le développement des standards de la durabilité et de la responsabilité sociale dans tous les domaines et pour l'ensemble des acteurs de la chaîne de valeur principalement les petits opérateurs; – Contribuer à travers le système fiscal à la promotion des investissements durables, productifs, créateurs d'emplois et catalyseurs de la valeur au niveau des territoires hôtes; – Edicter les normes réglementaires alignées avec les exigences de la concurrence des marchés extérieure en s'appuyant sur la veille stratégique et l'innovation technologique; – Opter pour une approche « Tourisme 365 jours », qui repose sur le développement de nouveaux segments faiblement dépendants des conditions climatiques et orientés vers des critères de performance qualitatifs tels que les recettes en devise et la durée moyenne de séjour (DMS). Axe 2 – La digitalisation : – Proposer un circuit de réservation et de paiement marocain permettant d'éviter la sortie de devises et des commissions hors Maroc; – Faire évoluer la communication numérique officielle axée sur le « visitmorocco.com » vers l'expérience-client; – Se réapproprier les espaces numériques « morocco.com », « casablanca.com », « marrakesh.com », pour en faire un levier sur la notoriété du Maroc et de certaines villes et régions du Royaume; – Regrouper les hébergeurs marocains afin de mener une négociation commune avec les géants du numérique, ainsi que de présenter au mieux l'offre touristique « Maroc », « villes » et « régions »; – Prévoir une veille e-Réputation pour l'analyse des labels et produits nationaux offerts afin d'améliorer en permanence l'image du Maroc à l'échelle internationale. Axe 3 – Le tourisme national : Renforcer les performances du tourisme interne à travers la promotion d'une offre adaptée aux besoins du touriste marocain et la dynamisation de l'investissement avec la mise sur le marché de nouveaux produits durables plus attractifs et concurrentiels pour le tourisme national, à même de relancer le marché. Ainsi, le CESE recommande de: – Proposer des produits touristiques spécialement dédiés au tourisme national en ses divers segments et adaptés au pouvoir d'achat; – Promouvoir le tourisme social et solidaire et développer les auberges des jeunes; – Améliorer la performance des centres d'estivage; – Inventer une offre adéquate pour les Marocains Résidant à l'étranger (MRE) en prenant en considération leurs styles de vie et leurs modes de consommation des loisirs et sports; – Proposer des campagnes promotionnelles dédiées et adaptées au tourisme national et local avec la réduction des prix (billets d'avion, tarifs des hôtels, restauration, loisirs, etc) principalement pour les jeunes et les personnes en situation de handicap. Axe 4 – Le Capital humain : – Faire de la recherche scientifique un axe majeur de la promotion touristique en créant, à l'échelle régionale, des passerelles plus coordonnées entre entreprises, universités et professionnels; – Mettre à jour la cartographie de l'emploi dans le tourisme; – Initier la signature d'une convention sectorielle collective en matière de formation et de renforcement des compétences en impliquant les pôles de compétences régionaux (OFFPT et régions) et en appuyant les écoles d'excellence prévues par la vision 2020; – Instaurer et promouvoir, au niveau de l'enseignement fondamental et supérieur, une spécialisation 'Arts et métiers du Tourisme' au niveau du Bac Pro Tourisme, Licence, Master, doctorat; – Revoir le dispositif de la formation professionnelle à travers la valorisation des spécialités cibles et de l'ingénierie touristique au-delà de la seule hôtellerie; – Mettre en place une approche collaborative et inclusive pour combler le besoin d'éducation et de renforcement des capacités autour des enjeux du tourisme durable. Axe 5 – La territorialisation : – Mettre en corrélation les stratégies nationales du tourisme, de la culture, de l'artisanat, de la jeunesse et sport et du développement durable et en assurer la déclinaison territoriale et de soutenir la mise en œuvre des stratégies régionales du tourisme durable en appuyant les conseils régionaux dans l'élaboration de leurs programmes de développement régional (PDR); – Concevoir une offre diversifiée autour de corridors traversant plusieurs territoires avec une thématique touristique commune; – Renforcer, à l'échelle locale, les mécanismes de la démocratie participative afin de promouvoir le tourisme.