Le Maroc étudie la possibilité d'apporter un soutien technique et militaire aux pays du Sahel. Rabat a été, avec le Ghana ou le Soudan, invitée à assister au sommet du G5-Sahel et les liens entre polisario et terrorisme ont été évoqués. Le Maroc a été représenté, mardi 16 février, au sommet du G5 Sahel de N'Djamena, par le chef du gouvernement, Saad-Dine El Otmani, qui a remercié via Twitter le président de la Mauritanie, M. Ould Ghazouani et le président du Tchad Idriss Déby de leur invitation. C'est la première fois que le Maroc assiste à ce sommet. M. Otmani, dans son discours, a exprimé le rôle que son pays peut contribuer au développement régional, en particulier dans le domaine de la sécurité. M. Otmani a indiqué qu'«il abordera avec les pays de la région les dangers qui menacent leur avenir». Par ailleurs, il a promis de soutenir les institutions que le G5-Sahel maintient à Nouakchott, et de contribuer à la formation des responsables du G5- Pays du Sahel dans les académies marocaines. Plusieurs aspects pourraient motiver la présence du Maroc dans cette région de l'Afrique. D'une part, le lien possible entre le Front Polisario et les groupes terroristes du Sahel, compte tenu de la présence du premier dans la zone de l'Algérie qui borde la Mauritanie et le Mali, et du second, également, dans la zone nord du Mali. Différentes raisons, comme la pression de l'opinion publique après la mort de 5 soldats français au Mali en seulement deux semaines, ont presque renforcé les appels de retirer les troupes françaises du Sahel en début d'année, alors que Paris a élargi l'opération Barkhane en janvier 2020. Cependant, la situation délicate que traversent encore les pays du Sahel oblige à reporter cette décision quelque temps, car elle pourrait compromettre huit ans de lutte contre le terrorisme. Toutefois, cette option reste sur la table, et Paris pourrait être en négociation avec les pays de la région, notamment le Maroc dont la stabilité et les capacités sont bien supérieures à celles des pays du Sahel. Le Maroc gagnerait une présence diplomatique et militaire dans une région où l'Algérie a peine à faire entendre sa voix. En fait, l'Algérie a également assisté au sommet, mais sa présence a été minimale. Alger a une approche différente de la situation au Sahel que celle de Paris, le Maroc peut donc avoir un avantage à cet égard. Depuis l'Algérie, on considère que le problème doit être abordé dans une perspective plus large, non seulement avec un poids important de l'armée, mais aussi en tenant compte des problèmes fondamentaux qui donnent lieu à cette violence. La France met son possible départ en attente L'une des questions les plus attendues au sommet était de savoir si un départ des forces françaises serait finalement annoncé, même partiellement, ou s'il était finalement reporté. Seulement, il est les analystes redoutent que cette décision puisse être marquée par un intérêt politique dû aux prochaines élections présidentielles auxquelles Emmanuel Macron devra faire face en 2022. Bien que la décision ait été reportée, le président français a fait allusion à ses objectifs pour l'avenir de la présence militaire française dans la région. Les dernières informations suggéraient que le retrait français irait de pair avec une augmentation de la présence de ses partenaires européens sur le terrain, ce qui, ajouté à l'expansion de l'EUTM-Mali et à l'intérêt éventuel d'autres pays comme le Maroc, compense la diminution des troupes françaises. Macron a proposé un scénario selon lequel quelque 2 000 soldats de divers pays européens, dont 500 français, seront déployés sur le terrain. Cependant, ce chiffre est encore loin d'être atteint puisque, à l'heure actuelle, les troupes européennes comptent à peine 250 soldats, sans compter les Français de Barkhane. L'Italie devrait alimenter dans un proche avenir ce contingent avec 200 autres soldats, et il y a d'autres pays comme la Grèce, les Pays-Bas, l'Ukraine, la Hongrie ou la Serbie qui ont manifesté leur intérêt de soutenir les troupes au Sahel, mais il n'y a toujours rien de concret.