Alors qu'environ 3,5 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire au Burkina Faso cette année, l'ONU et ses partenaires ont lancé cette semaine un appel de fonds de plus de 600 millions de dollars pour répondre aux besoins des plus vulnérables. Le Burkina Faso est confronté à une crise humanitaire croissante et sans précédent. Depuis le début de l'année 2019, la violence et le conflit ont poussé plus d'un million de personnes à quitter leur foyer, laissant tout derrière eux. Il s'agit de la crise de déplacement qui connaît la croissance la plus rapide au monde. « Nous avons enregistré plus d'un million de personnes déplacées », a déclaré Ramesh Rajasingham, le Sous-Secrétaire général aux affaires humanitaires et Coordonnateur adjoint des secours d'urgence de l'ONU, qui a conclu vendredi une visite de cinq jours au Burkina Faso. La détérioration de la situation dans une grande partie du pays est causée principalement par des groupes armés non étatiques et la violence intercommunautaire. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), un nombre record de 3,5 millions de personnes ont besoin d'aide cette année dans six régions prioritaires de ce pays du Sahel. « J'ai pu constater les conditions de vie difficiles et le manque de moyens de subsistance des communautés déplacées qui ne rêvent que d'une chose ; une paix durable qui leur permettra de reprendre leurs activités », a déclaré le Sous-Secrétaire général qui s'est dit touché par la solidarité des communautés hôtes et la résilience des personnes déplacées. « Nous ne devons pas considérer leur résilience comme acquise, car elle diminue chaque année, avec chaque période de soudure, et cela a un impact dévastateur sur l'espoir et la dignité », a-t-il prévenu, soulignant la nécessité de maintenir une réponse humanitaire et de développement solide. Le Burkina Faso fait face à des défis similaires à ceux rencontrés dans d'autres pays du Sahel. « Les gens fuient, quittent leur maison, leur bétail, et trouvent refuge dans des lieux de rassemblement au Burkina Faso », a expliqué M. Rajasingham, lors de sa visite à Kaya, à 100 kilomètres au nord de la capitale Ouagadougou, qui accueille des milliers de personnes déplacées. L'insécurité alimentaire a augmenté de façon spectaculaire au Burkina Faso. En janvier 2021, plus de 2 millions de personnes – environ 10% de la population du pays – ne mangent pas à leur faim. Les services de base essentiels tels que l'éducation et la santé sont gravement touchés. Quelque 2 400 écoles sont fermées dans les zones affectées, privant 350 000 enfants d'éducation et les exposant davantage aux risques d'exploitation et d'abus. Quelque 96 000 personnes n'ont pas accès aux soins médicaux. Les moyens de subsistance des personnes ont été gravement perturbés par l'insécurité et les déplacements, ainsi que par les chocs climatiques. « L'aide qui sauve des vies doit aller de pair avec une action de développement soutenue par la construction d'une paix durable, pour réduire les besoins futurs. C'est pourquoi, nous continuons à accompagner le gouvernement dans le renforcement de la résilience et la recherche de solutions durables, pour les communautés affectées et dans les localités concernées », a déclaré la Coordonnatrice humanitaire au Burkina Faso, Metsi Makhetha. Malgré les nombreux défis, la communauté humanitaire a renforcé sa présence, grâce aux contributions généreuses des bailleurs et au travail conjoint des humanitaires, permettant d'atteindre plus de 2,4 millions de personnes en 2020, notamment dans des zones qui étaient, jusque là, difficiles d'accès. Parmi les 3,5 millions de personnes qui ont besoin d'assistance humanitaire, la communauté humanitaire a ciblé les 2,9 millions de personnes les plus vulnérables et appelle à la mobilisation de 607 millions de dollars pour maintenir et accroitre les interventions d'urgence au Burkina Faso.