Le réseau social a affirmé, lundi, avoir fermé ces comptes, les accusant d'interférences dans le débat public en amont du scrutin présidentiel qui doit se dérouler jeudi. Dans la dernière ligne droite d'une campagne émaillée de violences, Facebook a fermé, ces derniers jours, les comptes de plusieurs responsables gouvernementaux ougandais accusés d'interférences dans le débat public à l'approche du scrutin présidentiel de jeudi, a fait savoir, lundi 11 janvier, le géant américain dans un courriel à l'Agence France-Presse. «Ce mois-ci [janvier], nous avons fermé un réseau de comptes et de pages en Ouganda qui étaient impliqués dans un "comportement inauthentique coordonné" visant à influer sur le débat public en amont de l'élection"», a déclaré la responsable de la communication de Facebook pour l'Afrique subsaharienne, Kezzia Anim-Addo. «Ils utilisaient de faux comptes ou des comptes dupliqués pour gérer des pages, commentaient le contenu d'autres personnes, se faisaient passer pour des utilisateurs, partageaient des contenus dans des groupes pour les faire apparaître plus populaires qu'ils n'étaient», a précisé la responsable. La campagne pour l'élection présidentielle organisée jeudi en Ouganda, qui oppose le président sortant Yoweri Museveni, à la tête du pays depuis trente-cinq ans, à une star de la chanson devenue député, Bobi Wine, 38 ans, se déroule dans un climat de tensions. A 76 ans, l'ancien rebelle marxiste devenu autocrate est manifestement suffisamment en forme pour briguer un sixième mandat. « Etant donné l'imminence de l'élection en Ouganda, nous avons réagi rapidement pour enquêter et faire tomber ce réseau.», a souligné Facebook. «Vous ne vous débarrasserez pas du président Museveni» Le conseiller en communication du président Yoweri Museveni, Don Wanyama, qui fait partie des personnalités dont les comptes Facebook et Instagram ont été fermés, a accusé, à son tour, le géant américain de vouloir influer sur le cours de la présidentielle. «Honte aux forces étrangères qui pensent qu'elles peuvent installer un régime fantoche en Ouganda en désactivant les comptes en ligne des partisans du NRM», le parti au pouvoir, a-t-il réagi. «Vous ne vous débarrasserez pas du président Museveni.» Selon le Mouvement de la résistance nationale (NRM), plusieurs dizaines de comptes ont subi le même sort, appartenant à des personnalités diverses telles qu'un haut responsable du ministère de l'information et des communications, un internaute en vue proche du NRM ou un médecin connu. Les comptes du président n'ont pas été visés par l'intervention de Facebook. Le président Museveni et son équipe de campagne ont régulièrement accusé des «forces étrangères» – sans préciser lesquelles – de soutenir la campagne de Bobi Wine pour parvenir à un changement de régime dans ce pays enclavé d'Afrique de l'Est.