Le président américain Donald Trump a redoublé mardi de virulence contre les ténors du parti républicain, qualifiés de «pathétiques», semant un peu plus le trouble dans son camp à l'approche de deux élections sénatoriales cruciales. Depuis son club de Mar-a-Lago, en Floride, et juste avant d'entamer une nouvelle journée de golf, l'ancien homme d'affaires, qui quittera la Maison-Blanche le 20 janvier, a exprimé sa frustration dans une série de tweets particulièrement virulents. Objet du courroux présidentiel : la perspective de plus en plus solide que le Congrès rejette son veto au budget de la défense, ce qui représenterait une première depuis son arrivée à la Maison-Blanche. Après le vote-camouflet de la Chambre des représentants lundi avec l'appui d'une centaine d'élus républicains, les sénateurs se prononceront à leur tour cette semaine. «Le "leadership" républicain faible et fatigué va permettre que la mauvaise loi sur la défense soit adoptée», a tweeté le président sortant. Mitch McConnell, chef républicain du Sénat, a peu après clairement indiqué qu'il ne se laisserait pas impressionner par les tweets présidentiels, en appelant, dans un message de défiance à Donald Trump, à rejeter son veto. «J'exhorte mes collègues a soutenir cette loi (budgétaire, NDLR) une fois de plus, lorsque nous voterons demain» mercredi, a lancé dans l'hémicycle l'influent vétéran de la politique. Ce vote pourrait toutefois être repoussé en fin de semaine par des négociations parlementaires. Croisant le fer sur plusieurs fronts, Donald Trump a aussi une nouvelle fois avancé des théories du complot pour nier sa défaite face au démocrate Joe Biden. «La direction du parti républicain choisit la voie de la résistance minimale. Nos dirigeants (pas moi, bien sûr !) sont pathétiques. La seule chose qu'ils savent faire, c'est perdre !». Le président sortant, encore très populaire chez les électeurs républicains, a assorti ses tweets d'une menace à peine voilée envers les parlementaires de son camp. «P. S. J'ai fait élire de nombreux sénateurs et membres de la Chambre des représentants. Je crois qu'ils ont oublié !» David Perdue et Kelly Loeffler ne manqueront s'en doute pas de l'entendre. Les deux sénateurs républicains jouent leurs sièges le 5 janvier lors de deux sénatoriales partielles en Géorgie, qui captivent le monde politique. Car avec eux, c'est tout l'équilibre du pouvoir sous Joe Biden qui se joue. Si les deux candidats démocrates – Raphael Warnock et Jon Ossoff – l'emportent, les démocrates reprendront le contrôle du Sénat, et détiendront tous les leviers du pouvoir à Washington. «Le narcissisme de M. Trump» Sur le papier, les républicains partent en bonne position, mais les dernières semaines colériques de Donald Trump à la Maison-Blanche inquiètent les républicains. Ses tirades contre le système électoral pourraient notamment saper la mobilisation de leurs électeurs en Géorgie. Et ses revirements inattendus sur le plan d'aide à l'économie américaine, frappée par la pandémie de Covid-19, mettent les sénateurs républicains dans l'embarras. Soutenu par les démocrates, Donald Trump réclame que les aides directes négociées âprement de 600 dollars soient augmentées à 2 000 dollars. Une hérésie pour certains conservateurs défenseurs de l'austérité, qui place les sénateurs républicains sous pression à une semaine de l'élection en Géorgie. La Chambre a approuvé cette mesure lundi soir, mais Mitch McConnell n'a pas encore fixé de date pour le vote au Sénat. Dans le camp conservateur, nombre de voix s'inquiètent de cette stratégie de la terre brûlée du 45e président à moins d'un mois de son départ du pouvoir. «Le narcissisme de M. Trump n'est pas nouveau», a taclé le Wall Street Journal dans un éditorial lundi soir. «Mais si les républicains perdent les deux sièges de Géorgie et leur majorité, les républicains à travers le pays sauront qu'ils pourront remercier M. Trump pour leur augmentation d'impôts en 2021 (sous Joe Biden)». La veille, le New York Post, un autre journal de l'empire de Rupert Murdoch qui avait soutenu le tempétueux milliardaire, avait aussi eu des mots durs en l'appelant à mettre fin à sa «triste comédie».