Dans une vidéo de propagande, l'organisation terrorriste dirigée par le chef traditionnel Abubakar Shekau affirme avoir tué des dizaines de villageois dans une rizière samedi pour des motifs de vengeance. Le groupe djihadiste Boko Haram a revendiqué, mardi 1er décembre, la tuerie de samedi contre des travailleurs agricoles dans le nord-est du Nigeria, massacre qui a fait 76 morts selon un dernier bilan des autorités. Cette attaque s'est produite au moment où se déroulaient, samedi, les premières élections locales organisées depuis le début de l'insurrection de Boko Haram dans cette région, en 2009. Dans une vidéo de propagande, l'organisation dirigée par le chef traditionnel Abubakar Shekau affirme avoir tué des dizaines de villageois du district de Jere, à moins de 10 kilomètres de Maiduguri, la capitale de l'Etat du Borno, pour des motifs de vengeance. «Vous pensez que vous pouvez livrer nos frères aux mains des soldats et ensuite vivre en paix», lance un djihadiste, le visage recouvert d'un turban bleu et blanc, sans mentionner à quels combattants il fait référence. Samedi, des dizaines de personnes qui travaillaient dans une rizière proche du village de Zabarmari ont été sauvagement égorgées. Les autorités locales, qui annonçaient un premier bilan de 70 morts, ont fait savoir mardi que 76 corps avaient été enterrés jusqu'à présent. «Quarante-trois corps ont été enterrés dimanche et trente-trois autres ont été enterrés hier [lundi]», a déclaré le ministre local de l'information, Babakura Abba Jatau. «Les habitants du village de Zabarmari ont dit que beaucoup d'autres corps pourraient toujours se trouver dans la rizière», a-t-il ajouté. Situation humanitaire dramatique L'Organisation des Nations unies (ONU) avait avancé dimanche un bilan de 110 morts, mais est revenue lundi sur ces déclarations, préférant confirmer «plusieurs dizaines» de morts. Les recherches étaient toujours en cours mardi et des équipes parcouraient les champs à pied et avec des tracteurs pour trouver d'autres victimes. Le nord-est du Nigeria est en proie à l'insurrection du groupe Boko Haram depuis 2009. Mais, en 2016, le groupe s'est divisé en deux factions : celle d'Abubakar Shekau et l'organisation Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap), affiliée à l'Etat islamique, qui cible davantage les forces armées que les civils. Le conflit a fait 36 000 morts et plus de 2 millions de personnes ne peuvent toujours pas regagner leur foyer. La situation humanitaire dans la région du lac Tchad est dramatique et a été récemment aggravée par de mauvaises récoltes et les restrictions liées à la pandémie de la Covid-19. Environ 4,3 millions de personnes ont été victimes d'insécurité alimentaire en juin 2020, durant la période de soudure. L'ONU estime que 5,1 millions de personnes se trouveront en insécurité alimentaire en juin 2021.