Le gouvernement algérien a adopté ce mercredi un projet de décret qui entend donner un «cadre juridique» aux médias en ligne, a-t-on appris de source officielle. Ce nouveau texte, promis par le ministre de la Communication Ammar Belhimer, définit les «modalités de l'activité d'information en ligne et de diffusion de mise au point ou rectification sur le site électronique». Les médias en ligne devront désormais être hébergés «exclusivement» en Algérie et «toutes les ressources (matérielles, logicielles, humaines, création, exploitation) nécessaires à l'hébergement d'un site devront être également en Algérie», précise l'agence de presse officielle APS. L'adoption de ce décret survient alors que les autorités ont censuré plusieurs sites d'information en ligne, proches du mouvement de protestation populaire «Hirak», notamment deux sites du groupe Interface Médias: Maghreb Emergent et Radio M, une webradio, désormais inaccessibles en Algérie. Ammar Belhimer avait accusé des médias nationaux — dont Radio M — de bénéficier de financements étrangers, ce qui est interdit par la loi. Une loi critiquée La presse électronique en Algérie est reconnue par le Code de l'information adopté en janvier 2012. Mais les textes d'application de cette loi ont tardé à voir le jour. Le président Abdelmadjid Tebboune avait ordonné «la régularisation de la situation juridique des journaux électroniques domiciliés en Algérie» et le ministre Abdelaziz Djerad avait exhorté début février Ammar Belhimer à «engager les procédures et modalités pratiques et réglementaires en vue de concrétiser dans les meilleurs délais» cette décision. «La majorité des journaux en ligne sont hébergés à l'étranger, principalement en France. Les raisons résident essentiellement dans la crise de confiance dans la fiabilité des mécanismes nationaux permettant l'accès au support internet, même si l'hébergement national est moins coûteux», a expliqué Ammar Belhimer, cité par l'APS. L'industrie de la presse en Algérie a connu ces dix dernières années des «transformations structurelles durables» sous l'effet du développement technologique avec un effondrement de 80% des ventes de papier journal, a-t-il ajouté. Mais les nouvelles technologies posent «de nouveaux défis en termes de responsabilité juridique et de responsabilité sociale», selon lui. Le décret entend notamment «limiter l'impact» de la désinformation. Les éditeurs de presse en ligne «doivent contribuer activement et en permanence à la lutte contre les contenus haineux ou violents et ainsi participer à la défense de la cohésion sociale», a souligné le ministre.