Cette réunion sous l'égide de l'ONU rassemble le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita, son homologue allemand ainsi que d'autres personnalités. Après le succès de sa médiation entre les rivaux libyens, le Maroc avait vu d'un très mauvais œil sa non-présence lors des dernières conférences ayant rassemblé les acteurs du dossier. Poser les jalons de la paix en Libye, tout en discutant des ingérences que connaît le processus politique : c'est l'objectif ambitieux dont discuteront plusieurs responsables dont le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, lundi 5 octobre, au sein de l'ONU, afin de mettre un terme au conflit qui déchire Tripoli, a appris barlamane.com de ses sources. Les efforts de paix ont, de fait, ont été minés dernièrement non seulement par les tensions entre factions libyennes, mais aussi par les divisions entre les différents Etats concernés de près par ce dossier, et qui n'ont pas convié le Maroc à y participer malgré son rôle central. Cette réunion abordera également le sommet organisé sous l'égide de l'ONU en janvier 2020 sur la Libye, qui a rassemblé onze dirigeants étrangers, dont Vladimir Poutine, Boris Johnson et Angela Merkel. Cet événement s'est conclu par l'adoption d'une déclaration commune négociée depuis plusieurs semaines, dans un contexte d'une cessation des combats sur le terrain. Le Maroc, lui, pilote des pourparlers réunissant des parlementaires des deux camps rivaux libyens –le Gouvernement d'union nationale (GNA) dans l'Ouest, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l'Est. Les représentants du Haut conseil d'Etat libyen (ouest) et du Parlement de Tobrouk (est) avaient affirmé dans une déclaration conjointe avoir réalisé d'«importants compromis», ouvrant la voie à un processus de règlement politique global pour mettre fin à des années de guerre. Ce dialogue libyen organisé sous l'initiative du Maroc a repris à huis-clos le 1er octobre dans le complexe hôtelier de Bouznika, au sud de la capitale Rabat. Les compromis conclus «concernent notamment l'établissement de normes claires pour éradiquer la corruption et la dilapidation des fonds publics et mettre fin à l'état de division institutionnelle», selon une déclaration diffusée. Alors que les dirigeants des principaux pays concernés par le conflit en Libye se sont engagés à ne pas enfreindre l'embargo sur les armes décidé en 2011 par les Nations unies, la non participation du Maroc au sommet de Berlin a été décrite comme une erreur majeure. Les participants y ont aussi appelé à un véritable cessez-le-feu permanent sur le terrain entre les deux camps rivaux, mais sans que leur voix soit entièrement entendue. Des rencontres inter-libyennes entre représentants militaires des deux camps ont été organisées à plusieurs reprises par le Maroc et saluées par Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU. Autre point sensible du conflit : les interventions indirectes de pays étrangers dans ce conflit. «Le Maroc rejette tout interférence dans le conflit ou les affaires intérieures de la Libye», a affirmé M. Bourita. Le Maroc a ainsi jugé «indispensable la de toutes les interventions étrangères». Depuis la reprise des combats entre camps rivaux en Libye en avril 2019, quelque 300 civils et 2 300 combattants ont été tués et, selon l'ONU, plus de 170 000 habitants ont été déplacés.