L'annonce du ministère de l'Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique de l'adoption des deux formats d'enseignement "présentiel et à distance" pour l'année scolaire 2020-2021, vu le contexte de la situation épidémiologique au Maroc, dans le sillage de la situation épidémiologique au Maroc, a créé une sorte de confusion non seulement pour les élèves et les familles, mais aussi pour les éducateurs et certains départements de tutelle. Le médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, Tayeb Hamdi, a mis en lumière les déterminants de cette décision, pour les familles et le ministère de tutelle. De son avis, il n'est pas facile de prendre des décisions uniques, unifiées et définitives pour tous, ce qui explique la grande flexibilité au niveau des décisions ministérielles, puisque "nous voulons tous un enseignement présentiel, mais sans mettre en péril notre pays et nos citoyens". Les déterminants de la prise de décision pour les familles et le ministère de tutelle consistent en la capacité de notre système de santé à assurer le suivi épidémiologique précoce et à réagir rapidement ainsi qu'en la capacité de l'école marocaine de fournir les conditions de la prévention, a indiqué M. Hamdi. "L'enseignement présentiel est l'origine, la base et le but même pour les pays qui ont adopté l'enseignement à distance durant l'année scolaire précédente avec le respect de la qualité et des conditions minimales de l'enseignement à distance", a souligné le chercheur, notant que ce format d'enseignement présente plusieurs inconvénients sur lesquels tous s'accordent y compris les élèves, les familles, les éducateurs, les organisations internationales qui s'intéressent à l'éducation, l'enseignement et les affaires de l'enfant. Ainsi, l'enseignement à distance n'est une solution que lorsque l'enseignement présentiel est totalement impossible, a ajouté M.Hamdi, mettant en exergue les points suivants en ce qui concerne les politiques et les systèmes sanitaires : Les éléments sur lesquels nous pouvons nous baser pour prendre des décisions, aussi bien pour le ministère de tutelle que la famille : – L'enseignement présentiel est la priorité absolue. – La situation épidémiologique dans le pays en général et dans chaque région séparément, ainsi que la possibilité que la situation se développe.* – Les données scientifiques sur la Covid-19 et les enfants. Quels dangers sur eux? sur les adultes ? et la situation épidémiologique... – Données sur la propagation du virus parmi les enfants et l'étendue de sa transmission aux familles depuis l'école. – Les moyens disponibles pour protéger les enfants et les familles en cas d'enseignement présentiel. – L'impact de l'enseignement à distance sur le cycle économique et la performance des administrations vu l'engagement des parents pour enseigner leurs enfants. Les principales données scientifiques liées à la Covid-19 et les enfants selon M. Hamdi: – Au début de l'épidémie, la croyance dominante était que les enfants sont les principaux porteurs de la maladie en raison de l'absence de symptômes chez eux. – Il n'y avait pas encore de données, mais la grippe saisonnière a été utilisée comme base de comparaison. C'était l'une des raisons qui ont poussé les écoles à fermer prématurément. Après cela, certaines études et le développement de conditions ont démontré que les enfants étaient moins infectés par le coronavirus et le transmettaient moins aux autres. En général, les enfants de moins de 18 ans ne représentent que 5% de l'ensemble des contaminations. – Les enfants ne présentent souvent que des symptômes mineurs voire sont asymptomatiques, ce qui rend difficile le diagnostic de leur infection. – Les enfants ne souffrent que rarement de contaminations modérées ou graves nécessitant une hospitalisation et il est très rare qu'ils perdent la vie des suites de la Covid-19. – Des études ont montré que la propagation de l'infection chez les enfants à l'intérieur des écoles est rare. – Si la distanciation et la propreté sont appliquées, la probabilité que les écoles deviennent des foyers d'infection est exclue. – Certaines études ont montré que la réouverture des écoles après leur fermeture au printemps dernier n'a pas entraîné la propagation de l'infection au sein des communautés. – Il ressort d'études que les lycéens de certaines régions ont un taux d'infection de 38%, ce qui est le plus proche du taux d'infection de leurs enseignants 43%. Ce taux d'infection demeure éloigné de celui de leurs parents (11%) et de leurs fratries (10%). Un constat qui pousse à s'interroger sur la manière dont le virus se propage chez les enfants. – Une étude menée en Corée du Sud a montré que les enfants de 10 à 19 ans transmettent le virus tout comme les adultes alors que les enfants de moins de 9 ans le passent moins souvent. – Une étude américaine a montré que les enfants de moins de 5 ans ont une charge virale 10 à 100 fois supérieure à celle des adultes. C'est un fait qui conduit à s'interroger sur le degré d'infection de ces enfants, sachant que des études ont montré que cette catégorie n'a pas atteint ce degré d'infection – Les enfants infectés par la Covid-19 et qui présentent des symptômes transmettent l'infection comme les adultes. – Le degré de transmission de l'infection chez les enfants asymptomatiques est inconnu. M. Hamdi a conclu que : – Les infections modérées ou graves chez les enfants sont peu nombreuses ou rares. – La réouverture des écoles n'a pas provoqué la propagation de l'infection au sein des communautés. – Les données sont parfois contradictoires et nous avons besoin de temps pour forger une opinion scientifique valable sur la Covid-19 et les enfants, les écoles et les communautés locales. – Si la tendance générale actuelle est de ne pas craindre – dans certaines limites – que les enfants soient infectés par la Covid-19, notamment avec l'application d'une des précautions nécessaires, les questions restent quelque peu en suspens quant au rôle de l'ouverture des écoles dans la propagation et l'accélération de l'épidémie au sein des sociétés. – Pour notre pays, la question demeure de savoir dans quelle mesure l'école marocaine est à même de fournir les conditions de prévention au sein des écoles, et dans quelle mesure les familles peuvent protéger leurs enfants lors de leur déplacement vers et depuis les écoles, et , et interdire à leurs enfants malades d'aller en classe. – Il est également question de la capacité de surveillance épidémiologique précoce du système de santé à de sa capacité de réagir en temps opportun. Par ailleurs, le chercheur indique qu'il faut s'attendre à travailler sur: – La mise en place d'un enseignement présentiel avec application des précautions pour les enfants du primaire de moins de 12 ans. – Enseignement alternatif ou facultatif pour le collège et le lycée. – Enseignement facultatif et dans un seuil minimum présentiel pour les études supérieures. – Par conséquent, il serait utile de reporter l'entrée effective à l'école d'au moins une semaine pour les élèves, afin de bénéficier des expériences des pays qui nous ont précédés dans la réouverture des écoles comme nous avons bénéficié de leurs expériences et erreurs au début de l'épidémie. -Selon M. Hamdi, les précautions à prendre pour l'enseignement présentiel consistent en : – L'aération des salles de cours tout au long de la journée et de tous les espaces fermés des écoles. – Le port du masque obligatoire pour toute personne âgée de 11 ans et plus. – L'hygiène des mains plusieurs fois par jour à l'intérieur de l'école. – Le port des masques ou des visières de protection par les professeurs et les élèves. – La distanciation entre les enfants et les enseignants. – Le marquage des itinéraires au sein des écoles. – Des heures d'entrée et de sortie des étudiants différentes. – Des portes d'entrée et de sortie multiples. – Le transport scolaire avec une charge réduite.