com a appris que les services régionaux de la brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) à Fès ont auditionné le 21 juillet dernier El Habib Choubani, ancien ministre et actuel président de la région Daraa-Tafilalet au nom du Parti justice et développement ainsi que ses vice-présidents Youssef Oumanzou (MP) et Abdellah Sarhiri (PJD). Cette audition fait suite à la plainte déposée par les élus de l'opposition au sein du Conseil de la région de Darâa-Tafilalet contre El Habib Choubani et consorts pour « trafic d'influence, corruption, détournement de fonds et dilapidation des deniers publics ». Soulignons qu'El Habib Choubani a été édifié sur les résultats de l'enquête sur la passation dans des circonstances douteuses, de deux marchés d'acquisition de 150 véhicules dédiés au transport scolaire auprès des sociétés « Tadoub » et « General Solution Auto ». Ces deux entreprises sont gérées par le couple Mustapha Tadammante et Soukaina Ouberka, pour une enveloppe budgétaire globale de 59.628.257,00 dhs, sans qu'elles ne soient enregistrées dans le registre d'ordre des sociétés consultées, portant ainsi des numéros fictifs pour conférer un caractère juridique aux transactions précitées. Lors de son audition, El Habib Choubani s'est contenté de se dérober de ses responsabilités de président de la région, insistant que ce sont ses vice-présidents Youssef Oumanzou (Mouvement Populaire) et Abdellah Sarhiri (PJD) qui se chargent de ce dossier, prouvant ainsi son incapacité à décliner des argumentaires convaincants. S'agissant de l'insertion du nom de Youssef Oumanzou dans le PV d'ouverture des plis desdits marchés, malgré son absence, Choubani a persisté à dire que le MPiste est « le premier responsable de ce marché plus que ses autres adjoints ». Quant à la disqualification de la société « Readli Auto » (concessionnaire de la maison « Citroën ») de son propriétaire Abdelali Regragui, bien qu'elle soit moins-disante (le prix unitaire décliné par « Readli Auto » est 390.000 dhs, contre celui de Sakina Oubarka qui s'élève à 394.440 dhs, ayant fait perdre au conseil la somme de 444.440,00 dhs), Choubani a encore excellé dans l'art de l'esquive, en imputant la responsabilité à ses vice-présidents précités. Par ailleurs, il a également nié avoir exercé des pressions sur son secrétaire particulier Mohamed El Hidaoui pour le pousser à signer le PV d'ouverture des plis, (contrairement aux déclarations de ce dernier qui a reconnu avoir fait l'objet d'abus de pouvoir), sans fournir aucune donnée susceptible de conforter son argumentaire. En ce qui concerne les frais de déplacement exorbitants octroyés à Abdellah Sarhiri (8.400 dhs en 2016, 39.700 dhs en 2017 et 70.800 dhs en 2018), bien qu'il se trouvait à certaines dates hors du Royaume, El Habib Choubani a soutenu « qu'il s'agit d'une erreur non délibérée de sa part ». S'agissant de l'irrespect des clauses du contrat conclu entre le conseil de la région et Abdelouahab El Faqir (ex-vice-président PJDiste du conseil urbain d'Erfoud et gérant de la société « Meran ») relatif à la location de minibus pour transporter des invités dudit conseil (autocar de 50 places a 9.680 dhs la journée et 30 places a 5.129 dhs), El Habib Choubani a nié être au courant de l'appartenance dudit entrepreneur à son parti. Il a également précisé que l'accord préalable consistait à transporter les équipes sportives évoluant dans la région de Daraâ-Tafilalet, ajoutant que la modification de la nomenclature dudit contrat est motivée par l'existence d'une rubrique dédiée au transport des équipes sportives, ce qui l'a incité à inscrire ces frais dans la rubrique de transport des invités. En outre, Youssef Oumanzou et Abdellah Sarhiri ont également été auditionnés par la BNPJ à Fès. Ils ont conforté les déclarations de Choubani, si bien que Youssef Oumanzou a reconnu avoir signé le PV d'ouverture des plis du marché d'acquisition de 50 véhicules adjugé à la société de Sakina Oubarka et Mustapha Tadammante, malgré son absence, et qu'il a justifié le virement reçu sur son compte d'un montant de 155.000 dhs, de la part de la société « Tadoub » cinq jours avant la conclusion du contrat d'acquisition des véhicules en question, par le fait qu'il s'agit d'un prêt, au moment où son compte bancaire affiche un solde créditeur dépassant de loin ledit montant, ce qui porte à croire qu'il s'agit d'une transaction douteuse.