Le Parlement mauritanien a discuté lundi des amendements à une loi portant création de la Haute Cour de justice, qui a le pouvoir de poursuivre les présidents et les ministres conformément à la constitution. La formation du tribunal coïncide avec une enquête parlementaire sur des dossiers de corruption impliquant prétendument l'ancien président Mohamed Ould Abdelaziz, qui aurait décidé d'accorder une île mauritanienne à l'ancien émir du Qatar, Hamad bin Khalifa Al Thani en 2012. Le comité formé par le Parlement mauritanien a mené des enquêtes sur les infrastructures, les routes, les transactions immobilières et énergétiques, et a écouté les témoignages des ministres et des fonctionnaires, qui ont travaillé avec Ould Abdelaziz. Le dernier dossier ouvert par la commission avant de remettre son rapport final la semaine prochaine concernait une décision prise par l'ancien président sur l'octroi d'une île mauritanienne à l'ancien émir du Qatar. Les documents obtenus par la commission parlementaire, divulgués par les médias locaux, montrent une correspondance entre l'ambassade du Qatar à Nouakchott et le ministère des Affaires étrangères du Qatar au sujet de la réception d'une « belle île mauritanienne » en cadeau d'Ould Abdelaziz à Hamad bin Khalifa. En avril 2012, Ould Abdelaziz a nommé un conseiller présidentiel, l'avocat Ibrahim Ould Daddah, qui a été chargé de suivre les procédures de remise de l'île aux Qataris et qui a ensuite été nommé ministre de la Justice. L'affaire a mis en colère un grand nombre de Mauritaniens, d'autant plus que ladite île est située sur un bassin côtier de l'océan Atlantique et est une réserve naturelle et un refuge pour des millions d'oiseaux migrateurs et de types de poissons rares. Malgré l'avancement des pourparlers entre les Qataris et le régime d'Ould Abdelaziz sur le cadeau, les discussions ont été interrompues lorsque l'ancien président a été abattu en octobre 2012, un incident qui a provoqué des ondes de choc à travers le pays. Il a survécu à l'attaque. Certains membres du Parlement mauritanien estiment cependant que la décision de l'ancien président, même inachevée, constitue une violation de la constitution et pourrait aboutir à une accusation de haute trahison contre lui, levant ainsi son immunité.