Feu Hassan II avait, en 1970, appelé les Etats-Unis à protéger le Président algérien de l'époque, Houari Boumediene, contre les risques pour sa sécurité émanant de Gamal Abdel Nasser, le président égyptien, selon les archives déclassifiées du Département d'Etat américain En effet, une note du Secrétaire d'Etat américain de l'époque, Henry Kissinger, adressée au président Richard Nixon, faisait état de tels risques, ce qui a amené Hassan II, qui craignait pour la vie de Boumediene, d'intervenir auprès de Washington. Hassan II craignait pour la sécurité de Boumediene Dans le contexte de la révolution libyenne, menée par Mouammar Kadhafi en 1969, la partie égyptienne avançait ses pions en Libye : « Nasser a inséré des troupes pour éviter une contre-révolution » en Libye, note Kissinger. Le souverain marocain craignait alors « un renforcement des capacités subversives » du dirigeant égyptien et était « profondément inquiet » du danger que représentait le nouveau régime militaire libyen sur l'ensemble des Etats du Maghreb, indique l'ancien secrétaire d'Etat. Le roi Hassan II pensait alors que la prochaine cible du dirigeant égyptien serait « d'éliminer le président algérien Houari Boumediene » afin de le remplacer par une personne « plus à même d'accepter son leadership dans le monde arabe ». Hassan II craignait que la chute de Boumediene n'augmente la zone d'influence et les « capacités de nuisance de Nasser et des Soviétiques en Tunisie et au Maroc », relate Kissinger. Appel à l'influence américaine pour protéger l'Algérie Ainsi, le roi du Maroc demandait aux Américains « d'user de toute influence appropriée » pour éviter que « les plans de Nasser et des Soviétiques pour le Maghreb n'aboutissent pas », poursuit Kissinger. Hassan II estimait que les Américains devaient s'intéresser de près à la situation, faute de quoi « tout le littoral sud méditerranéen tomberait sous domination communiste », selon l'ancien Secrétaire d'Etat américain. Ces inquiétudes font suite au sommet Arabe de 1969, lors duquel « le Maroc, la Tunisie et l'Algérie se sont alignés contre les exigences de Nasser », rappelle Kissinger, sans donner plus de détail. En fin de compte, Hassan II craignait d'être « en tête de liste » d'éventuelles représailles du dirigeant égyptien contre le Maroc. Gamal Abdel Nasser voulait déjà signer un accord avec Israël Autre fait marquant dans la note de Kissinger : Hassan II avait relevé une volonté du dirigeant égyptien de « conclure un accord avec Israël », indique le Secrétaire d'Etat. Cela dit, « Nasser craignait d'être renversé », si un tel accord venait à voir le jour. Hassan II considérait alors que « les Palestiniens – et pas Nasser – étaient la clé pour le règlement » du conflit israélo-arabe, affirme Kissinger.