Selon l'Unesco, la pandémie de Covid-19, génératrice de perturbations sans précédent dans l'éducation, source de fractures sociale et numérique, pourrait fragiliser encore davantage les traditionnels laissés-pour-compte de l'éducation : le enfants les plus pauvres, les fillettes et les handicapés. À l'occasion de la publication d'un rapport mondial, l'Unesco alarme mardi 23 juin sur la situation de l'éducation à la suite de la pandémie de Covid-19. Selon l'organisation des Nations unies, le virus a généré des perturbations sans précédent. « Les expériences du passé, comme avec Ebola, ont montré que les crises sanitaires pouvaient laisser un grand nombre de personnes sur le bord du chemin, en particulier les filles les plus pauvres, dont beaucoup risquent de ne jamais retourner à l'école », affirme ainsi la directrice de l'Unesco, Audrey Azoulay, dans l'avant-propos du rapport, intitulé « Inclusion et éducation – Tous, sans exception » En 2018, l'Afrique subsaharienne abritait la plus grande cohorte de jeunes non scolarisés, dépassant pour la première fois l'Asie centrale et du Sud : 19 % des écoliers, 37 % au niveau du collège, 58 % des lycéens potentiels. Dans le monde, près de 260 millions de jeunes n'avaient pas accès à l'éducation, soit 17 % de ceux en âge d'être scolarisés. Et parmi les premiers exclus figurent les enfants défavorisés, les fillettes et jeunes filles, les enfants en situation de handicap, ceux issus de minorités ethniques ou linguistiques, les migrants... Ainsi, « les élèves de 10 ans des pays à revenu moyen et élevé ayant reçu un enseignement dans une langue autre que leur langue maternelle obtiennent généralement des résultats inférieurs de 34 % à ceux des locuteurs natifs dans les tests de lecture ». Ou encore : « Dans dix pays à faible et moyen revenu, les enfants handicapés ont 19 % de chances en moins d'atteindre un niveau minimum en lecture que ceux qui ne sont pas handicapés ». Mais partout, le handicap peut être un obstacle à l'inclusion, notamment du fait des « croyances discriminatoires des parents » : « environ 15 % des parents en Allemagne et 59 % à Hong Kong craignent que les enfants handicapés ne perturbent l'apprentissage des autres ». La crise sanitaire actuelle a plus que jamais mis en évidence ces fractures : « Les réponses à la crise de la Covid-19, qui a touché 1,6 milliard d'apprenants, n'ont pas accordé une attention suffisante à l'inclusion de tous les apprenants », soulignent les auteurs du rapport. Sur ces différents constats, le rapport élabore une série de recommandations pour une éducation inclusive, à commencer par des politiques volontaristes, car « de nombreux gouvernements » n'ont pas encore mis en œuvre de principe d'inclusion. L'Unesco juge aussi nécessaire des financements ciblés.