Les négociations entre les membres du Conseil de sécurité (CS) pour parvenir à un consensus sur la question de la Covid-19 ont démontré une "érosion de la substance" du texte en négociation et montré que les chances de voir l'organe exécutif de l'Onu sortir de l'impasse "sont très minces, voire même nulles", estime Mohamed Loulichki, Senior Fellow au Policy Center for the New South (PCNS). L'adoption d'un texte, quel qu'il soit, est devenue, particulièrement aux yeux des membres non permanents -plus soucieux de la crédibilité et de l'image de l'Organisation mondiale-, une fin en soi, une manière de "sauver la face" de l'organe exécutif onusien, explique M. Loulichki dans un article publié par le think-tank marocain PCNS dans la rubrique "Opinion" sous le titre : "Le Conseil de Sécurité de l'ONU et la Covid-19 : +Après l'heure, c'est plus l'heure+". Pour l'auteur de l'article, l'adoption d'une résolution par le Conseil de sécurité, au moment où la majorité des pays ont entamé le processus de déconfinement et commencent à mettre en place les modalités de relance de leur tissu économique, "ne revêt d'importance que pour les défenseurs du multilatéralisme". À cet égard, M. Loulichki s'est attardé sur trois projets de résolutions et un projet de déclaration déposés au Conseil de sécurité sans en accepter aucun comme expression de sa position sur la nouvelle pandémie. Il s'agit, poursuit l'ancien ambassadeur du Maroc auprès de l'ONU, du projet de déclaration estonien qui exprime, entre autres, une "préoccupation croissante" face à la pandémie "qui pourrait constituer une menace à la paix et à la sécurité internationales" et du projet tunisien qui désigne clairement le virus comme "une menace à la paix et à la sécurité internationales" et "appelle à un cessez-le-feu humanitaire mondial" pour mieux combattre la maladie, etc. Il est également question d'un projet franco-tunisien qui s'abstient de qualifier la pandémie et se limite à souligner "le besoin urgent d'une coordination renforcée parmi tous les pays" pour combattre la pandémie et, faisant écho à l'appel du Secrétaire général de l'ONU, du 23 mars 2020, "demande une cessation générale et immédiate des hostilités dans tous les pays à l'agenda" du Conseil, relève M. Loulichki. Germano-estonien, le quatrième et dernier projet plaide pour sa part en faveur d'"une action internationale urgente, coordonnée et unie pour limiter l'impact de la Covid-19′′ et appelle à "une cessation générale et immédiate des hostilités dans tous les dossiers" à l'agenda du Conseil de Sécurité (à l'exclusion de la lutte contre les groupes terroristes), et à une "pause humanitaire pour au moins 90 jours consécutifs", précise-t-il. S'agissant des raisons de "l'impasse", il indique qu'elles sont d'ordres juridique et politique et expliquent "l'incapacité" du Conseil de se mettre d'accord sur le traitement de la crise Covid-19 et reflètent des divergences fondamentales entre les membres permanents et les non-permanents mais, surtout, entre les Etats-Unis, d'une part, et la Chine et la Russie, d'autre part. Sur le plan juridique, la controverse entre les membres du Conseil se cristallise autour de la qualification du nouveau virus et de ses conséquences transfrontières, comme "menace à la paix et à la sécurité internationales" etc, tandis que sur le plan politique, le duel sino-américain au Conseil de sécurité est une des manifestations de la "guerre en dents de scie et à multiples facettes" (...), relève-t-il.