Lorsque l'épidémie de Covid-19 s'est déclarée dans divers pays du monde, les instances internationales ont dirigé leurs premières craintes vers l'Afrique, considérée comme plus fragile, précaire, et donc vulnérables aux ravages du virus. Pourtant, des mois après, l'Afrique est un continent très peu affecté par la pandémie qui a ravagé bien des pays, y compris les plus développés. Depuis le début de la pandémie, l'Organisatiol mondiale de la Santé (OMS) a dirigé ses craintes vers l'Afrique, dont les systèmes de santé sont fragiles. « Notre principale préoccupation demeure le risque que le Covid-19 se propage dans des pays dont les systèmes de santé sont plus fragiles. », déclairait le 22 février, le directeur de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d'une réunion exceptionnelle avec les ministres de la santé des pays de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba (Éthiopie). S'en sont suivis plusieurs scénarios catastrophe concernant la propagation du virus en Afrique. Des scénarios qui se sont produits dans des continents développés, comme l'Europe ou l'Amérique, mais absolument pas en Afrique. L'Europe et les États-Unis ont dépassé le million de cas, tandis que le nombre officiel de contaminations en Afrique s'élève, à la mi-mai, à 70.000, selon l'agence de santé publique de l'Union africaine (Africa CDC). L'Afrique a fait l'objet de divers scénarios alarmistes au début de la pandémie, sans que ces scénarios se produisent en réalité. Le 25 mars, une étude de la London School of Hygiene & Tropical Medicine (LSHTM) a conclu que, fin avril, tous les pays africains auraient dépassé la barre des 10.000 cas. Ces pronostics étaient 10 fois supérieur à la réalité. Mais peut-être auront-ils servi à quelque chose : aider l'Afrique à éviter le pire. L'Afrique a mis en place des mécanismes de prévention, de prise en charge et de préventions très tôt. S'y ajoute le fait que le personnel médical africain a déjà vu passer des épidémies toutes aussi mortelles, comme Ebola par exemple. Les pays africains se sont mobilisés de plus belle, en augmentant le nombre de laboratoires pouvant effectuer des tests Covid dans la région de deux à 26, selon les chiffres de l'OMS. En parallèle, plusieurs pays ont étendu leurs capacités d'accueil de malades dans l'hypothèse d'une propagation rapide de la maladie, comme c'est le cas pour le Maroc, le Nigéria ou encore le Ghana. Des mesures ont été mises en place de manière préventive, comme les contrôles renforcés dans les aéroports internationaux, des campagnes de dépistage ou le port du masque obligatoire. Début avril, alors que le bilan des contaminations n'était que de 6.200 sur l'ensemble du continent, 32 pays africains sur 55 avaient déjà totalement fermé leurs frontières terrestres. Selon une étude de la revue médicale The Lancet du 14 mars, l'Afrique est dix fois moins exposée que l'Europe à l'importation de cas de Covid-19, du fait de ses échanges internationaux plus faibles. Bien que la Chine soit le premier partenaire économique de l'Afrique, ses liaisons aériennes avec les États-Unis ou l'Union européenne sont beaucoup plus développées. Un facteur clé pour expliquer la plus lente avancée du virus. Puisque le virus n'a qu'un seul mode de transmission, à savoir l'humain, l'Afrique a bénéficié de ses faible liaisons avec l'Asie. Autre raison pour laquelle l'Afrique n'a pas essuyé tant de dégâts sanitaires : la jeunesse de sa population. L'âge médian de la population sur le continent africain est de 20 ans, ce qui suppose une bien meilleure résistance immunologique. Plusieurs pays européens dont la population est âgée ont souffert de grands nombres de décès, notamment l'Italie et la France, oú 70 % des cas de décès concernent les plus de 75 ans. En Afrique, les plus de 75 ans ne représentent que 5% de a population. Si l'heure est à l'optimisme, pour l'instant, en Afrique, rien n'est sûr quant à l'évolution de l'épidémie dans les jours voire mois à venir. L'OMS a ainsi estimé le 8 mai que l'épidémie pourrait évoluer sur plusieurs années et que jusqu'à 190.000 Africains pourraient succomber au Covid-19 durant la première année de propagation du virus.