La récession économique causée par la pandémie du Covid-19 souligne l'urgence d'investir dans une économie verte afin de créer des emplois et de réduire les inégalités, a affirmé Olivier De Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies sur l'extrême pauvreté et les droits de l'homme. « La crise du Covid-19 est un appel urgent à l'action. Si nous faisons les bons choix dès à présent, elle peut être notre chance d'aller vers des sociétés plus inclusives et solidaires », écrit M. De Schutter dans un communiqué de presse. Avec une chute du revenu par habitant prévue dans plus de 170 pays, les personnes sans protection sociale seront les plus gravement touchées, dit M. De Schutter. Environ quatre milliards de personnes dans le monde n'ont aucune protection sociale. Ceux avec des emplois précaires, y compris les 2 milliards travaillant dans l'économie informelle, seront les premiers à perdre leur emploi. « Conformément aux Objectifs de développement durable, nous devons sortir d'un paradigme de développement qui insiste sur la primauté de la croissance de l'économie, tout en espérant effacer les dommages environnementaux et de compenser les impacts sociaux de la montée des inégalités plus tard. Le modèle de croissance lui-même doit inclure, dès le départ, les exigences de durabilité environnementale et de justice sociale », analyse l'expert de l'ONU. Les programmes de sécurité sociale doivent être vus comme un investissement et non comme un coût, selon l'expert de l'ONU. «L'investissement dans la protection sociale et de la petite enfance prévenant les ménages aux plus faibles revenus de tomber dans la pauvreté sont d'un bénéfice considérable pour la société, et pour sortir de la récession économique », a expliqué l'expert. En outre, le financement de la protection sociale est financièrement possible. « En moyenne, le coût de financement de l'ensemble des avantages liés aux socles de protection sociale représente 4,2% du PIB pour les 57 pays à bas revenus et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. C'est le meilleur investissement qu'un pays puisse faire pour son avenir », a dit M. De Schutter. Les Etats dans le monde entier ont déjà engagé au moins 8.000 milliards de dollars afin de faire rempart aux impacts économiques de la crise du Covid-19. Ces montants devraient aller vers la mise sur pied d'une économie plus inclusive fondée sur le droit au travail et à la sécurité sociale, ainsi que sur les droits à un logement adéquat, à la santé et à l'éducation. « L'extrême pauvreté n'est pas due à un revenu insuffisant, ou à la faute des individus ou des familles qui la subissent. Elle est le résultat des choix que font les Etats et qui perpétuent les situations de pauvreté et d'exclusion sociale », a rappelé M. De Schutter.