Le président des Etats-Unis a été acquitté par les sénateurs au terme du procès en destitution initié en décembre. La guerre de communication est à présent engagée sur les leçons à tirer de cette procédure. C'est l'épilogue du feuilleton qui traverse la politique américaine depuis plusieurs mois. Le président américain, Donald Trump, a été acquitté par le Sénat, mercredi 5 février, lors du procès en destitution initié en décembre 2019 par la Chambre des représentants, à majorité démocrate. Lors d'un vote solennel suivi en direct à la télévision par des dizaines de millions d'Américains, le Sénat a estimé, par 52 voix sur 100, que M. Trump, 45e président de l'histoire des Etats Unis, ne s'était pas rendu coupable d'abus de pouvoir. Par 53 voix sur 100, il a également estimé qu'il ne s'était pas rendu coupable d'entrave à la bonne marche du Congrès. Le suspense était quasi nul : la Constitution des Etats-Unis impose une majorité des deux tiers (67 sièges sur 100) pour le déclarer coupable et le milliardaire savait pouvoir compter sur le soutien sans faille de 52 des 53 sénateurs républicains. Le seul qui est sorti du rang est Mitt Romney. L'ancien candidat malheureux à la présidentielle de 2012 a voté « oui » à la question de savoir si le locataire de la Maison Blanche s'était rendu coupable d'abus de pouvoir. Trois sénateurs républicains modérés avaient par ailleurs dénoncé la conduite du président mais estimé qu'elle ne méritait pas une destitution. L'opposition réclamait la destitution du président américain pour avoir essayé de forcer l'Ukraine à « salir » son possible adversaire à la présidentielle Joe Biden, notamment en gelant une aide militaire cruciale pour ce pays en guerre. Depuis que le scandale a éclaté, M. Trump se dit victime d'une chasse aux sorcières orchestrée par ses adversaires démocrates, qui n'auraient pas digéré sa victoire surprise de 2016. Le Maison Blanche s'est réjoui mercredi de l'acquittement de Donald Trump , jugeant qu'il était « pleinement innocenté » et dénonçant une nouvelle fois une « chasse aux sorcières » orchestrée par ses adversaires démocrates. « Le président est heureux de mettre derrière lui ce chapitre du comportement honteux des démocrates, et déterminé à continuer son travail au nom du peuple américain en 2020 et au-delà », a indiqué dans un communiqué Stephanie Grisham, porte-parole de l'exécutif américain. Donald Trump reste « une menace pour la démocratie américaine », a en revanche réagi la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi. « Le président et les républicains du Sénat ont banalisé le non respect de la loi », a-t-elle estimé dans un communiqué, qualifiant de « voyous » Donald Trump et le chef de la majorité républicaine au Sénat Mitch McConnell. L'hôte de la Maison Blanche restera selon elle « une menace » parce qu'il insiste « pour se dire au-dessus de la loi et dire qu'il peut corrompre une élection s'il en a envie ». La stratégie semble en tout cas avoir, au moins en partie, porté ses fruits. Donald Trump traverse une période plutôt porteuse pour lui : selon le dernier sondage de l'institut Gallup, il enregistre 49 % d'opinions favorables, un record depuis son arrivée au pouvoir. De plus, les primaires des démocrates pour lui désigner un adversaire ont débuté lundi dans l'Iowa par un retentissant fiasco qui lui permet de rester sous la lumière des projecteurs. Mardi soir, devant le Congrès réuni au grand complet, pour le traditionnel discours sur l'état de l'Union, le milliardaire républicain a vanté ses résultats « incroyables ». Dans l'hémicycle, la tension était palpable. Avant le discours, Donald Trump a ostensiblement évité de serrer la main que lui tendait la chef démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi. Une fois l'allocution finie, cette dernière a déchiré dans un geste spectaculaire sa copie du discours. « Contrairement à tant d'autres avant moi, je tiens mes promesses », a lancé Donald Trump, sans cesse coupé par les ovations et les « USA, USA » des républicains. Dans cette même Chambre des représentants qui l'a mis en accusation le 18 décembre, il a brassé tous les thèmes de la campagne à venir pour le scrutin du 3 novembre : la lutte contre l'immigration illégale ou l'avortement, « la grande réussite économique » des Etats-Unis ou sa politique étrangère. En revanche, à aucun moment l'impeachment n'a été évoqué. De nombreux républicains invitaient Donald Trump à tourner rapidement la page de ce procès, et le président a fait profil bas sur ce point comme son prédécesseur démocrate, Bill Clinton, lors de son discours annuel en 1999. Au-delà de Washington, le procès a divisé autant les Américains que leurs élus : 85 % des électeurs démocrates soutenaient la destitution du président, moins de 10 % des républicains étaient pour, et la moyenne s'établissait légèrement en dessous de 50 %. L'impact de ce vote sur les élections est donc difficile à prédire, mais Donald Trump se dit convaincu que les électeurs pénaliseront les « démocrates-qui-ne-font-rien ». Eux estiment avoir démontré pendant le procès qu'il plaçait « ses intérêts au-dessus de ceux du pays ».