Lors de son point presse durant lequel il a affirmé être candidat à la présidence du PAM, Abdellatif Ouahbi, membre clivant du PAM, s'est engagé dans un laborieux plaidoyer pour justifier l'interférence du «religieux» en «politique» chez le PJD, au risque de fâcher. «L'islam politique est une référence partagée par plusieurs acteurs institutionnels au Maroc, y compris la Commanderie des croyants» : les propos d'Abdellatif Ouahbi ont déplu à la haute autorité du PAM. Le chef de file du principal parti d'opposition, Hakim Benchamach, a tempêté dans un communiqué au vitriol contre ces propos, rappelant qu'en vertu de l'article 41 de la Constitution, le Roi «veille au respect de l'islam» et qu'il est «le garant du libre exercice des cultes», «préside le Conseil supérieur des ouléma, seule instance habilitée à prononcer les consultations religieuses». Le patron du PAM rappelle également que le «roi exerce par dahirs les prérogatives religieuses inhérentes à la Commanderie des croyants.» Les déclarations d'Ouahbi, «confuses», «inélégantes», «malvenues», «irresponsables» et «inconsidérées», ont tenté d'établir un parallèle douteux entre les mouvements à référentiel islamique dont le principal enjeu de leur participation au pouvoir est l'articulation entre la prédication et l'action politique et les prérogatives du Souverain. Le membre du PAM a déclaré que la configuration de l'ordre politique autour de la Commanderie des croyants s'apparente au système de représentations prôné par le PJD. Dans son allocution d'une vingtaine de minutes, Ouahi a appelé à «une réorganisation des structures du PAM» afin qu'il retrouve sa place dans la «cosmogonie politico-institutionnelle», avant de souhaiter «un parti politique fort et cohérent» et pas «un regroupement électoral ne pouvant bien longtemps résister à l'épreuve des faits.» L'appellation de «parti des instructions» donnée à son parti a, elle aussi, hérissé nombre d'adhérents de la formation de centre-gauche. «Cette mise en doute de la filiation du PAM est scandaleuse» a-t-on affirmé. Tout en rappelant que les déclarations de Ouahbi sur la Commanderie des croyants sont « inconstitutionnelles », Benchamach rappelle que le «système institutionnel et constitutionnel au Maroc repose sur la centralité de la «Commanderie des croyants» (imarat al-mu'minin) dans un ordre qui fait de l'islam la religion de l'Etat. «Les dangereuses insinuations de ces propos [de Ouahbi] qui tentent de faire de la Commanderie des croyants un adversaire politique son inacceptables», a conclu le président de la chambre haute du Parlement.