La combinaison d'informations trompeuses et de prétendus faits alternatifs sur les contestations contre le gouvernement secoue la Net algérien. Une propagande qui accroit la masse des contenus qui tente de déprécier le soulèvement de la rue, selon une rythmique bien huilée. Alors que les manifestations antigouvernementales en Algérie ne faiblissent pas, une bataille d'informations en ligne se déroule en Algérie. Les manifestants tentant de contrecarrer les agissements des trolls agaçants – surnommés « mouches électroniques ». Le président par intérim algérien a récemment annoncé que des élections auraient lieu en décembre, alors que les manifestants réclamant de nouvelles réformes continuent à descendre dans la rue – et la lutte pour l'avenir du pays a été particulièrement agitée sur les médias sociaux, inondés de faussetés. Dans une tentative de contrôler la diffusion d'informations sur les manifestations, l'accès à Internet a été perturbé dans plusieurs régions du pays, selon NetBlocks, une organisation qui surveille la liberté de l'Internet. Les manifestants utilisent le terme « mouches électroniques » pour décrire les comptes ressemblant à des trolls diffusant des messages en faveur du gouvernement ou de l'establishment. Ces comptent révèlent souvent des caractéristiques d'activité coordonnée : ils ont été créés après le début des manifestations, ont moins de 100 amis et ont tendance à répéter les mêmes commentaires et les mêmes éléments de langage. S'il est difficile de savoir si les personnes qui gèrent ces comptes agissent de leur propre initiative ou si elles font partie d'une campagne organisée, les commentaires et les articles qu'ils diffusent semblent se concentrer sur un petit nombre de sujets, visant principalement à saper le mouvement de protestation. L'un des angles les plus prisés est « l'angle du complot », cette idée qu'il existe un parrainage étranger derrière les manifestations, que celles-ci pourraient être poussées ou soutenues par des puissances extérieures. La France, ancienne puissance coloniale, est souvent « un bouc émissaire facile », déclarant certains activistes. De nombreux autres commentaires publiés par les « mouches électroniques » suggèrent qu'il existe toujours un large soutien populaire pour l'ex-président Bouteflika et l'armée. D'autres messages jouent sur les tensions entre les différents groupes ethniques algériens. Au milieu de ce climat d'incertitude politique, une page Facebook a été créée pour démystifier les fausses informations sur l'Algérie : Fake News DZ. « Lorsque les manifestations ont commencé, certains de mes amis et moi-même avons constaté une augmentation du nombre de fausses informations publiées », a déclaré Nassim, l'un des créateurs de la page. Nassim est un informaticien algérien basé à Paris et, malgré son manque de formation en journalisme, il a déclaré que démystifier les fausses informations pendant son temps libre pouvait être un travail assez facile – « aussi facile que de faire une recherche sur Google » a-t-il indiqué. Depuis la création de la page en avril, Fake News DZ (« .dz » est le domaine Internet de premier niveau de l'Algérie) a déclaré avoir démystifié plus de 300 fake news hostiles aux contestations, dont des informations selon lesquelles il n'était plus nécessaire de manifester et que l'Algérie prospérait après le départ du président Bouteflika. Nassim a expliqué que la plupart des fausses informations politiques semblent avoir pour dessein « de créer des divisions entre les manifestants ». Cependant, d'autres voix suggèrent que certains partisans de la protestation ont également employé des tactiques de désinformation. Quelques personnalités de l'opposition ont condamné l'utilisation de fausses informations et de bots contre le mouvement protestataire, suggérant que l'establishment politique pourrait être derrière une telle tactique. Les politiciens du parti au pouvoir ont parfois accusé les médias algériens de se lancer eux-mêmes dans des «tentatives de désinformation». L'Algérie occupe actuellement la 141e place dans le classement mondial de la liberté de la presse publié chaque année par l'ONG Reporters sans frontières. Un porte-parole de Facebook, a indiqué : « Nous ne voulons pas que notre plate-forme soit utilisée pour manipuler les gens, et nous travaillons de manière soutenue pour lutter contre la propagation de la désinformation. » Facebook a indiqué qu'il supprime les pages et les profils utilisés de manière coordonnée pour diffuser de fausses informations. En une période de trois mois de cette année, il a éliminé des millions de faux profils.