Les Français ont convergé par milliers sous la pluie dimanche aux Invalides pour saluer la mémoire de Jacques Chirac, mort jeudi à 86 ans, lors d'un large hommage populaire avant les cérémonies officielles lundi. Dans le calme et le recueillement, la file d'attente, impressionnante, s'étendait dans l'après-midi sur des centaines et des centaines de mètres pour arriver devant le cercueil de Jacques Chirac, placé à l'entrée de la cathédrale Saint-Louis des Invalides. La plupart se sont recueillis devant la dépouille recouverte de bleu, blanc, rouge et entourée de drapeaux français et européen, sous un portrait géant de l'ex-président (1995-2007). Dans la soirée, ils étaient encore nombreux à patienter, abrités sous un parapluie. S'il le faut, l'Hôtel des Invalides restera ouvert toute la nuit, jusqu'à 07H00 maximum, afin de préparer la cérémonie officielle de lundi, a indiqué l'Elysée. Ouvrant la cérémonie, des représentants des cultes ont chanté une prière, aux côtés de la famille Chirac, dont sa fille Claude et son petit-fils Martin, mais sans son épouse Bernadette, trop affaiblie. Les Français se sont ensuite succédés devant le cercueil. Ont défilé des militants, des politiques mais aussi des citoyens de tous âges. Député, maire de Paris, plusieurs fois ministre et Premier ministre puis deux fois élu président de la République, Jacques Chirac a été l'un des principaux acteurs de la droite, depuis la fin des années 60 jusqu'au milieu des années 2000. Devenu de plus en plus populaire au fil du temps qui passait et l'éloignait du pouvoir, il est désormais considéré par les Français comme le meilleur président de la Vème République, à égalité avec Charles de Gaulle, selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche, qui enregistre un bond de sa cote. L'assistance sera à la mesure de l'afflux de messages parvenus du monde entier depuis jeudi midi: parmi la trentaine de chefs d'Etat, seront présents le président russe Vladimir Poutine, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, les présidents allemand Frank-Walter Steinmeier, italien Sergio Mattarella et congolais Denis Sassou Nguesso, le Premier ministre belge Charles Michel, ou encore les Premiers ministres libanais Saad Hariri et hongrois Viktor Orban. Le Roi du Maroc Mohammed VI sera absent pour cause de maladie et sera représenté par le prince héritier Moulay El Hassan, a fait savoir dimanche le cabinet royal. Parmi les ex-dirigeants du temps de Jacques Chirac viendront l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, l'ancien Premier ministre espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero et l'ancien président sénégalais Abdou Diouf. La classe politique française devrait également être largement représentée. La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a cependant renoncé à s'y rendre, après les réserves de la famille Chirac sur sa présence. « C'est avec regret que nous prenons acte du refus de la famille Chirac de respecter les usages républicains », a écrit Mme Le Pen sur Twitter. Un hommage particulier sera également rendu à l'ex-président le week-end des 5 et 6 octobre en Corrèze, sa terre d'élection. Samedi soir, l'Elysée a fermé ses portes après trois jours d'accueil du public, qui a signé des registres de condoléances. Ceux-ci sont également ouverts aux Invalides dimanche. Les Français pourront rendre un dernier hommage lundi à Jacques Chirac sur le trajet du convoi funéraire jusqu'à l'église Saint-Sulpice. L'ex-chef de l'Etat, malade depuis de longues années, s'est éteint « très paisiblement, sans souffrir ». Selon le souhait de son épouse Bernadette, il sera inhumé lundi après-midi au cimetière du Montparnasse dans le caveau où repose déjà leur fille aînée Laurence, décédée en 2016.