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Chronique d'une fin annoncée de Benchamach, l'homme de Ilyas El Omari
Publié dans Barlamane le 28 - 09 - 2019

J'annonce que je démissionne, j'appelle le ministre de l'Intérieur à régler nos affaires internes, mais j'accuse ce même ministre d'ingérence même en l'absence de réponse à ma demande et je l'accuse de se mêler de nos affaires internes, donc je démissionne, puis j'appelle à la réunification du parti et demande le quorum pour préserver ma place. On pourrait également mettre ces mots dans la bouche de Hakim Benchamach et dans celle de Ilyas El Omari. Comment deux hommes que tout opposait mis à part leur lieu de naissance, sont devenus aussi identiques dans le discours ?
Sans revenir aux débuts de Benchamach en tant que dirigeant du PAM, qui avait opéré une réelle dé-omarisation du parti jusque dans ses organes d'information grand public, on peut s'étonner que ce professeur universitaire et docteur en sciences politiques qu'El Omari cherchait à écarter du secrétariat général du PAM car supposé fort et trop différent de lui pour lui laisser la main mise sur le parti -dont il a dû quitter la direction à contrecoeur – soit celui qui aujourd'hui et pas plus tard que la semaine dernière répond à toutes les convocations d'El Omari pour des réunions dans un grand palace de Marrakech.
L'opinion publique peut hausser ses épaules et expliquer par des calculs partisans la logique de changer de fusil d'épaule dans un même parti politique ; et comprendre le dernier communiqué de Benchamach comme une ultime tentative de repousser l'échéance du congrès et gagner du temps pour rassembler des forces contre le mouvement de l'Appel de l'Avenir, légitime dans sa démarche d'organisation du 4èmecongrès du PAM.
Sauf que son style a changé autant dans l'écrit que dans la démarche. Sans pousser l'analyse du discours du communiqué de Benchamach qui répond à la main tendue de l'Appel de l'Avenir, on peut résumer ce long texte à un slogan « oui à la réconciliation, non à la conciliation ». Et on peut faire le parallèle avec tous ses actes : je pars mais je reste puis je demande que l'Intérieur arbitre des affaires internes. Ensuite j'accuse l'Intérieur de s'ingérer. Je démissionne mais je reste et demande la réconciliation mais avec ma propre commission préparatoire au 4ème congrès et non celle élue et approuvée par le Conseil national.
On en attendait mieux dans l'expression et style d'un universitaire formé à l'esprit académique clair et construit.
Ce docteur en sciences politiques est également le 4ème homme fort du Royaume en tant que président de la Chambre des conseillers et fait partie en tant que tel, du conseil de régence. Certes, il s'est lui-même affaibli en démarrant en même temps quelques fronts de conflits ouverts avec des membres du parti bénéficiant d'une réelle assise politique, dont Akhchichine, Mansouri et Hammouti, qui ont fortement diminué de son autorité et de sa force au sein du PAM.
La brèche n'est, pourtant, pas suffisante pour qu'un homme de sa trempe laisse El Omari s'y frayer une voie au point d'endosser dans l'écrit comme dans l'acte le style de son prédécesseur. Un style que les Marocains n'ont que trop connu avec les dernières années de Ilyas El Omari à la tête du PAM. Et que la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima continue de vivre. Désapprouvé même par ses propres élus au conseil de la région qu'il préside, profondément affaibli, sa démission annoncée avant le tenue de l'Assemblée générale dudit conseil de la région le 7 octobre prochain, a enfin été actée il y a peu.
Lors de son dernier passage dans un célèbre palace de la ville ocre aux fréquentations exclusives, El Omari avait convoqué des députés de différentes villes du Royaume comme dans une ultime tentative de continuer à endosser le costume de l'homme fort qu'il a été par le passé investi d'un message et d'un pouvoir.
L'influence d'El Omari sur Benchamach ne s'arrête pas à ce travestissement de rôles et de jeux de pouvoirs partisans. Mais aussi à la création de toutes pièces, de conflits ouverts avec l'Etat. On se rappelle de El Omari se proclamant comme étant «Monsieur lER» (Instance de l'Equité et de la Réconcialiation) à la fin du mandat de ladite instance. Benchamach a de son côté, demandé l'arbitrage royal de manière incongrue pour une prétendue et évidemment fausse ingérence du ministre de l'Intérieur dans les affaires du parti du tracteur.
La saga des deux désormais compères pamistes se poursuivra-t-elle encore ou aura-t-elle une fin avec la démission d'El Omari et avec l'échéance du congrès des 13-14-5 décembre ? L'avenir très proche nous le dira.


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