Le coup d'envoi des premières Assises Nationales du Développement Humain a été donné la matinée du jeudi 19 septembre au Centre International de Conférences Mohammed VI Palais des Congrès Skhirat. L'ouverture de ce meeting a été marquée par la lecture du message royal par M. Abdelouafi Laftit, ministre de l'Intérieur, ainsi que par une exposition détaillée des enjeux du développement de la petite enfance. L'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) organise aujourd'hui à Skhirat, les premières Assises Nationales du Développement Humain, avec comme axe central développement de la petite enfance. A cette occasion, un message royal a été lu par M. Abdelouafi Laftit, ministre de l'Intérieur. Il a été suivi par une présentation keynote d'Angelika Ponguta, chercheuse à l'université de Yale qui se focalise sur les questions liées au développement de l'enfance. Depuis toujours, le Souverain invite les initiateurs des politiques publiques à miser sur l'élément humain qui doit figurer au coeur des stratégies et politiques publiques en matière de développement. En effet, le message royal lu aujourd'hui par le ministère de l'Intérieur aborde la vision de la Phase III de l'INDH qui place l'enfance au centre de ses objectifs afin de réunir les conditions d'un développement global. Il a été souligné, dans ce message, que la troisième phase de l'Initiative se focalisera davantage sur la consolidation des acquis de l'INDH en réorientant ses programmes pour la promotion du capital humain. Cette nouvelle plateforme vise, à partir d'une démarche volontariste, à développer la petite enfance en contribuant au renforcement du dispositif de santé maternelle et infantile, à l'amélioration de la nutrition des enfants ainsi qu'à la généralisation du préscolaire. Après la lecture du message royal, des capsules vidéo présentant les axes de la 3ème phase de l'INDH ont été diffusées représentant ainsi la vision de cette phase qui est focalisée sur le bien des générations montantes. Cette vision mettra l'accent sur la santé de la mère et de l'enfant, l'éducation et l'accompagnement de la petite enfance et des enfants et des jeunes issus de milieux pauvres. Certaines données reflétant le bilan de l'ancienne phase de l'INDH ont été aussi présentées dans ces capsules. Ensuite, la keynote speaker, Angelika Ponguta, chercheuse à l'université de Yale qui se focalise sur les questions liées au développement de l'enfance, a présenté un exposé détaillé sur les enjeux du développement de la petite enfance et sur l'importance des politiques mises en place par les Etats pour accompagner ce développement. Elle a, ainsi, partagé les résultats de plusieurs recherches qu'elle a conduites. D'après elle, les enfants changent chaque seconde, ce qui se passe durant la grossesse, l'allaitement, ainsi que tous les moments qu'ils partagent avec leur entourage impacte leur développement. Pour elle, investir dans la petite enfance est parmi les choix les plus sages et les plus réfléchis qu'un pays peut faire pour éradiquer l'extrême pauvreté, lutter contre les inégalités et stimuler la productivité plus tard dans la vie. Dans son discours, elle a fait référence au « nurturing care framework » (ndlr : ressources sur la petite enfance). Selon ce programme élaboré par la Banque mondiale, plusieurs jeunes enfants (ndlr: la Keynote a avancé le chiffre de 500.000) n'arrivent pas à réaliser leur plein potentiel étant donné que leur développement est freiné par la malnutrition, un manque de stimulation et d'apprentissage précoces, et l'exposition aux stress. Par ailleurs, la chercheuse de Yale a annoncé que 62% des femmes ne bénéficient pas de visites prénatales, ce qui se répercute sur la santé et, par conséquent, sur l'avenir de leurs enfants. Elle a également parlé de la plasticité neuronale (ndlr : mécanismes par lesquels le cerveau est capable de se modifier lors des processus de neurogenèse dès la phase embryonnaire ou lors d'apprentissages). En effet, tout ce qu'un enfant perçoit de 0 à 2 ans dans son environnement procède à créer une connexion chez lui. Elle a souligné aussi que le développement de l'enfance aussi est lié aux réponses interactives entre l'enfant et la maman, on parle de mécanismes de « Serve and Return ». « Maman est stressée, bébé est stressé », c'est par le biais de ces moments que la chercheuse a abordé cette question de lien affectif. En effet, la santé mentale et physique de la maman a un lien étroit avec la santé de son enfant. D'ailleurs, d'après la chercheuse, l'allaitement constitue un moment d'échanges privilégié entre la mère et son enfant qui renforce les liens affectifs entre la mère et le bébé. Si la maman est stressée, le bébé ressent ce stresse et ceci peut avoir un impact sur sa santé mentale par la suite. A travers plusieurs scénarios, Mme Ponguta a expliqué comment un enfant qui ne vit pas dans un environnement sain qui l'encourage à développer ses capacités, à savoir un environnement ponctué de tensions, peut avoir plusieurs problèmes de santé mentale par la suite étant donné que, dans la majorité des cas il ne peut pas avoir accès aux services de la santé mentale. Elle a pointé ainsi la nécessité de fournir l'accès aux services de la santé mentale aux enfants comme à leurs mamans.« Mettre en place des politiques pour améliorer le développement socio-affectif des enfants et le développement de la petite enfance est un must pour que la génération montante ait un avenir brillant et prometteur », a-t-elle souligné. Le Programme d'éducation mère-enfant à domicile (MOCEP) a été également parmi les programmes que Mme Ponguta a cités pour illustrer ses propos. Ce programme, élaboré pour la première fois en Turquie par la Fondation pour l'éducation mère-enfant (AÇEV), visait à améliorer l'éducation préscolaire dans les familles pauvres de la Turquie. Comme il a connu beaucoup de succès et il a été généralisé dans plusieurs pays, comme l'Iran et le Bahrein. Elle a conclu son exposé en rappelant les Objectifs de Développement Durable (ODD) en matière du développement de la petite enfance, à travers la mise en place de programmes de soins et éducation préscolaire de qualité. Le Keynote a été suivi par la signature d'une convention qui vise à améliorer la santé des enfants et leurs mamans en optant pour un dispositif qui renforce les systèmes de santé communautaire. L'accord en question a été signé par M. Noureddine Boutayeb, ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur, M. Anas Doukkali, ministère de la Santé, et Mme. Giovanna Barberis, Représentante de l'UNICEF au Maroc. M. Noureddine Boutayeb, ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur, a noté qu'il a été « heureux d'avoir été le maitre d'oeuvre de cette opération de collaboration avec le ministère de la Santé ainsi qu'avec l'organisme onusien l'UNICEF pour travailler sur la transversalité de ce sujet » qu'il a considéré comme étant « une fenêtre d'opportunités essentielle pour le développement du capital humain ». Quant à M. Anas Doukkali, ministre de la Santé, il a insisté sur le fait que cette convention vise à « l'amélioration de la santé maternelle et infantile en consolidant les systèmes de santé communautaires ». Cet accord vise aussi à « assurer une croissance normale et une bonne intégration à l'école avec évitement de l'abandon scolaire ». Giovanna Barberis, Représentante de l'UNICEF au Maroc, a pour sa part remercié l'INDH et les ministères de l'Intérieur et de Santé pour cette « opportunité de travailler ensemble sur la petite enfance pour élaborer un modèle de santé communautaire ». Pour rappel, les Premières Assises Nationales du Développement Humain sont consacrées au développement de la petite enfance, thématique centrale du Programme 4 de la phase III de l'INDH et moment déterminant du développement de l'individu. L'INDH a identifié trois priorités dans le domaine de la petite enfance : l'amélioration de la santé et de la nutrition de la mère et de l'enfant, et la généralisation de l'accès à un enseignement préscolaire de qualité en milieu rural.