Le Conseil économique social et environnemental (CESE) aappelé, le 18 septembre, à expliciter et à formaliser les mesures juridiques et les actions politiques pour prévenir et lutter contre les mariages d'enfants, conformément aux engagements du Maroc en faveur des objectifs du développement durable (ODD) à l'horizon 2030. Lors d'un atelier de restitution de l'avis du CESE sur le sujet du mariage d'enfants avec comme thème «Que faire face à la persistance du mariage d'enfants au Maroc ?», le conseil a rappelé l'importance de prendre toutes les mesures pour interdire ces unions, conclues souvent sans le consentement des personnes concernées. Le Conseil invite à prendre des actions législatives pour mieux accompagner le droit du mariage et prévenir les unions où des enfants sont impliqués : rendre obligatoire la déclaration de tout mariage, vérifier le consentement des époux et simplifier l'annulation des mariages contraints. Toujours est-il, le Conseil invite à accorder les dispositions du code de la famille avec la Constitution et les conventions internationales par l'abrogation des articles 20, 21 et 22 «ayant trait aux mariages des enfants, et en développant la médiation familiale». Selon le président du CESE, Ahmed Reda Chami, il s'agit «d'un atelier de restitution d'un rapport qui concerne le mariage des enfants qui ont moins de 18 ans et qui sont encore mineurs», particulièrement les jeunes filles, «un sujet très important en matière économique, sociale et environnementale ». Le Conseil rappelle que certaines coutumes concernant le mariage, pratiquées au Maroc, sont incompatibles avec les principes énoncés dans la charte des Nations unies et dans la Déclaration universelle des droits de l'homme. Il fait sienne les considérations de la Convention de 1962 relative au consentement au mariage, à l'âge minimum et à l'enregistrement du mariage. Le CESE ne sera pas seul à se préoccuper de ces mariages d'enfants. Des débats publics sont organisés en vue de la mise en œuvre de mesures urgentes pour prévenir et lutter contre ces unions. La prise de conscience de ce phénomène, grandissante au Maroc, s'explique par un nombre croissant d'affaires médiatisées, ainsi que la réalité sociologique de ces mariages. Seules quelques études à petite échelle et des détails anecdotiques laissent entrevoir ces unions qui touchent principalement les populations les plus pauvres du pays. «Cette pratique est toujours répandue au Maroc malgré l'adoption du Code de la famille, puisque 85% des demandes de mariage se sont soldées par une autorisation entre 2011 et 2018», a indiqué Chami dans une déclaration à la presse, appelant dans ce sens à une révision du Code de la famille. Le patron du CESE a appelé le gouvernement et le Parlement «à accorder une attention particulière à cette question sur le moyen et le long terme.» Il est à noter que cet avis a été adopté à l'unanimité lors de la centième session ordinaire du CESE. «La pratique du mariage des enfants demeure une véritable entrave au développement et engendre de graves conséquences sur la santé mentale et physique des enfants, en limitant leurs chances de s'autonomiser économiquement et culturellement», affirme le Conseil.