Après plus de 92 % des bulletins dépouillés, Benjamin Netanyahu et Benny Gantz semblent toujours à égalité, à l'issue des législatives Israéliennes de mardi. Les sondages à la sortie des urnes créditaient le Likoud [ndlr : parti politique israélien de tendance national-libéral] de Netanyahu de 30 à 32 sièges sur les 120 de la Knesset, le Parlement israélien, contre 32 à 34 sièges pour le parti Bleu-blanc de M. Gantz, ancien chef de l'armée qui s'est reconverti dans la politique. Outre les scores de ces deux partis, les résultats des alliés potentiels de chacun seront déterminants car la question n'est pas tant de savoir qui aura le plus de sièges entre Netanyahu et Gantz mais lequel des deux sera en mesure d'atteindre, par des alliances, le nombre de 61 députés, seuil de la majorité au Parlement. Or, selon les sondages à la sortie des urnes, aucun bloc ne semble capable de réunir ce nombre de députés et donc de former un gouvernement à l'issue de ce second scrutin en cinq mois, les élections d'avril ayant abouti à un score similaire. Il semble que les deux grands partis devaient négocier entre eux, et/ou avec d'autres formations, afin de pouvoir prétendre former un nouveau gouvernement et éviter le scénario du printemps dernier où Netanyahu avait été incapable de former une coalition à l'issue d'élections âprement disputées. « Nous agirons pour former un large gouvernement d'union qui exprimera la volonté du peuple (…) Nous avons entamé les négociations et je parlerai avec tout le monde », a déclaré dans la nuit M. Gantz, à ses partisans réunis à Tel-Aviv, la métropole économique du pays. « Ce soir commence l'entreprise de réparation de la société israélienne », a ajouté M. Gantz, qui avait en matinée appelé à voter contre la « corruption » et « l'extrémisme » sans nommer directement M. Netanyahu. « L'unité et la réconciliation sont devant nous », a-t-il ajouté. La voix enrouée, M. Netanyau a plaidé pour un « gouvernement sioniste fort », sans la participation de « partis arabes antisionistes » lors d'un discours en plein milieu de la nuit devant un parterre clairsemé de partisans. « Nous allons négocier avec le plus grand nombre de partenaires pour éviter la formation d'un gouvernement antisioniste dangereux (…) il n'y aura pas et il ne peut pas y avoir de gouvernement qui s'appuie sur des partis arabes antisionistes, des partis qui nient l'existence même d'Israël en tant qu'Etat juif et démocratique », a-t-il ajouté. L'issue de ce nouveau scrutin est d'autant plus cruciale pour Netanyahu qu'il intervient avant sa comparution devant la justice le 3 octobre pour des affaires de « corruption », « d'abus de confiance » et de « malversations ». Pour l'heure, Netanyahu n'est ni inculpé ni donc condamné, mais une victoire pourrait permettre à ses alliés de voter son immunité. S'il était réélu, puis inculpé, il deviendrait le premier chef de gouvernement en exercice à connaître une telle avanie dans l'histoire d'Israël.