Des médias français se sont fait l'écho lundi d'un communiqué humiliant, dans lequel le ministère français de l'Intérieur se vante de ses chiffres records en matière de rafles, tracas, gardes à vue, séparation de famille et expulsions pures et simples. Dans ce communiqué, le ministère semble jouer l'apaisement : seulement 27.400 expulsions en 2018 contre 28.650 en 2017, rassurait-il, sans s'occuper outre mesure du quotidien ‘'noir'' des clandestins, fait de rafles et humiliations. A la juger sur le nombre de nationalités, la politique d'expulsion était d'un coup dur pour les Marocains en 2018. Ils étaient 1533 à avoir été reconduits aux frontières en 2017, leur nombre a atteint cette année 1854. Cette politique du chiffre n'épargne ni adultes ni collégiens, ni même enfants. Elle prend son sens à l'instant où la police est sommée de faire du chiffre. On ne se contente plus de rafles routinières pour mettre la main sur les sans papiers, mais on va les chercher à domicile, dans les quartiers où ils vivent, à l'entrée des écoles, des bouches de métro qu'ils fréquentent. Il faut remplir les camions pour atteindre les quotas. Largement soutenue au niveau européen par la mise en application de la très controversée ‘'directive du retour'', surnommé ‘'directive de la honte'', cette politique sans pareille en France d'éloignement des étrangers en situation irrégulière, est tout simplement humiliante. Au lieu d'être juste et équilibrée, elle exploite absurdement la misère humaine. Faut-il rappeler aussi qu'après l'adoption de la ‘'directive du retour'', qui vise à harmoniser les règles d'expulsions dans les vingt-sept Etats membres de l'Union européenne et dont la principale mesure concerne la durée de rétention des immigrés sans-papiers, fixée désormais à dix-huit mois, le gouvernement actuel cherche maintenant tous les prétextes pour justifier sa politique de chasse aux étrangers allant même jusqu'à prétendre que ce sont les Français qui ne veulent pas d'une régularisation globale des sans papiers. Ce gouvernement qui se défausse sur les Français pour fuir ses responsabilités, est maintenant confrontée aux résultats sans appel des derniers sondages : 74% des Français sont pour une régularisation de tous les sans papiers qui ont des enfants scolarisés, 11% sont pour la régularisation de tous les sans papiers, 9% ne sont pour aucune régularisation, 6% ne se prononcent pas. Les sondés condamnent aussi catégoriquement à 66% la restriction du regroupement familial et soutiennent majoritairement les actions d'intégration des immigrés avec ou sans-papiers. Intégration qui s'avère, à juste titre, difficile à concrétiser tant que les forces politiques de gauche comme de droite, continuent de désigner la communauté étrangère et plus particulièrement maghrébine, comme source principale de tous les maux de la France.