Roshdy Zem. Un nom peu connu au Maroc. Pas pour longtemps fort probablement. De son parcours professionnel impressionnant, il parle avec simplicité. Roshdy est né en 1965 dans les Hautes Seines de la banlieue parisienne. Son père est originaire de Skoura dans la région de Ouarzazate, alors que la mère est casablancaise. En classe terminale, Roshdy Zem mettra tôt un terme à sa scolarité pour se lancer dans le business. «J'ai monté ma propre affaire dans le prêt-à-porter. C'était primordial pour moi d'être indépendant. Il me fallait un métier qui rapporte de l'argent», avoue Roshdy. L'idée de devenir comédien le hantait. Tout en travaillant pour son propre compte, il a toujours gardé un œil sur l'univers du septième art. Chaque fois que les circonstances le lui permettaient, il faisait des castings à droite et à gauche sans pour autant trop y croire. Le futur acteur continue de travailler pour son propre compte jusqu'au jour où on lui proposa un rôle aux côtés d'Emmanuelle Beart et Philippe Noiret. «C'était un petit rôle qui demandait quand même dix jours de travail», se souvient Roshdy. A partir de ce «petit rôle», les propositions commencent à se succéder. Le choix est fait. Il n'en fallut pas plus à Roshdy pour mettre ses affaires entre parenthèses et se lancer droit devant dans le cinéma. Le fait qu'il soit arabe ne facilitera guère le début d'une carrière hautement risquée. Roshdy n'en prendrait conscience que plus tard. «Au début je ne faisais pas attention aux difficultés causées par mes origines. Plus tard avec le temps je commençai à me rendre compte des paradoxes de ce métier. Plus on devient sollicité, plus cela est difficile». En représentant un intérêt financier, les sollicitations de la part des réalisateurs deviennent nombreuses. Seulement, certains producteurs clament haut et fort qu'ils ne veulent pas d'Arabe dans leurs films. La situation n'en est que plus paradoxale lorsque l'on sait que parmi les films qui dominent actuellement en chiffres d'entrées, sont ceux où joue Jamal Debbouz !! Notre acteur prendra désormais note de cette donne. «On est confronté à un racisme qui existe, bien qu'il ne soit pas fondé» explique-t-il. Une ségrégation gratuite, contrée heureusement par la société civile, et par certains intellectuels et artistes français. La jalousie n'est pas étrangère à ces comportements racistes. Et le Maroc dans tout ça ? Roshdy n'y va pas par quatre chemins. «Le Maroc a toujours été dans le cœur et dans le sang. En fait, plus je prends de l'âge, plus je me sens marocain. Je viens de plus en plus souvent au Maroc en pensant sérieusement de m'y installer un jour une bonne fois pour toutes». Fini le temps de considérer les beurs comme des dealers et des voleurs. Les données ont changé. Les jeunes comme Roshdy ont compris qu'il fallait aussi avoir une mémoire de cette communauté. Ils s'investissent petit à petit dans le monde des médias, de la culture, du sport et de la politique. Ils sont français, mais ils sont aussi viscéralement Marocains. Il ne faut pas être forcément un spécialiste pour pouvoir relever chez Roshdy un côté plein d'intelligence, de sensibilité et d'amour profond pour son pays d'origine. Du talent, il en a à revendre. Après la sortie en novembre dernier du film «Change-moi ma vie» où il joue avec Fanny Ardant, les salles françaises ont rendez-vous au mois de mars prochain avec Roshdy dans une comédie intitulée «Le Raid» avec Josianne Balasko. Mais ce qui est prévu pour plus tard est encore plus prometteur. Il s'agit d'un film d'action au titre de «Blanche» avec le grand Gérard Dépardieu. Lundi dernier, Roshdy Zem est venu au Maroc spécialement pour parrainer une action caritative au profit des jeunes marocains des quartiers populaires. Tout ce qu'il a acquis, Roshdy est prêt à le mettre au service de son pays d'origine. «Ce n'est qu'un début. Je compte faire beaucoup plus dans l'activité associative au Maroc», conclut-il avec un brin de fierté.