S'il est un domaine sur lequel le Maroc doit mettre les bouchées doubles, c'est bien celui de l'état de ses prisons. Les témoignages de détenus et de leurs familles et les rapports des associations marocaines des droits de l'Homme sont unanimes : la situation dans les prisons marocaines est déplorable. En effet, la Délégation générale de l'administration pénitentiaire (DGAP) vient de publier un rapport brossant l'état des lieux des prisons du Royaume. «Les établissements pénitentiaires du Maroc souffrent d'un certain nombre de dysfonctionnements, en particulier le surpeuplement», peut-on lire dans le rapport. Entre janvier 2008 et décembre 2011, le nombre de la population carcérale est passé de 54.660 à 64.833 pensionnaires, soit une hausse de 10,61%, avant de grimper à 68.417 pensionnaires à la mi-2012, dont 43,69% sont des pensionnaires placés en détention préventive. Mais, outre le surpeuplement s'ajoutent d'autres maux qui rongent l'univers carcéral depuis belle lurette. Violence, torture, mauvais traitements, corruption, harcèlement sexuel, drogues, viols, promiscuité, sont autant de pratiques et de conditions dont souffrent quotidiennement les détenus. C'est dire moins de services et plus de sévices. En réponse aux agressions sexuelles, la délégation n'écarte pas la possibilité qu'il y ait eu des dérapages de ce genre, et invite les victimes à «déposer leurs plaintes à ce sujet pour pouvoir dévoiler ces pratiques immorales et en punir les responsables». Le rapport admet, par ailleurs, que la consommation et la commercialisation des drogues continuent de poser problème dans les établissements pénitentiaires, d'autant plus qu'elles représentent le motif d'incarcération de 25% des pensionnaires qui souffrent de dépendance à ces substances toxiques. Cependant, le rapport nie en bloc l'existence de toute pratique méthodique de torture à l'encontre des prisonniers. A en croire cette source, elle affirme que chaque fois que de tels actes sont détectés, le parquet général est avisé et les personnes impliquées sont arrêtées immédiatement et traduites devant le conseil disciplinaire. En revanche, le document dénonce certaines allégations mensongères de la part des détenus destinées à empêcher les fonctionnaires de mener à bien leurs tâches. Ceci dit, le rapport souligne que ces fonctionnaires ont le droit de faire usage de la force autorisée par la loi pour fouiller les prisonniers ou obliger les plus rebelles à rejoindre leurs cellules. Pour redresser cette situation, le rapport préconise, parallèlement aux efforts de construction et d'extension des centres de détention, une politique pénale assurant des alternatives à la détention préventive et aux peines privatives de liberté en cas de petits délits, et permettant la célérité dans le traitement des affaires.