«Jovial, bon vivant et généreux». Ce sont les qualificatifs qui reviennent dans la bouche de tous ceux qui ont connu José Luis Percebal Ibáñez, le journaliste espagnol tué à Rabat. José Luis Percebal a été enterré samedi dans son village natal de Torulva de Robota, près de Saragosse, au nord de l'Espagne. Issue d'une famille très modeste, il était fils de vigneron et un enfant du terroir de l'Espagne profonde. A 47 ans, il était le vétéran des journalistes espagnols au Maroc. Un pays où il a vécu près de dix ans. « Dix ans au service d'un métier qu'il aimait à l'obsession et d'amour pour le Maroc, un pays qu'il ne quittait pas même quand il était en vacances », nous déclare Fernando Linares, le correspondant à Rabat de l'agence de presse espagnole EFE. Il y était venu pour la première fois en 1992 en tant que correspondant de la chaîne télévisée Antena 3 pour passer à la radio et travailler sur des sujets d'actualité. « Il ne ménageait aucun effort pour venir en aide à ses confrères espagnols installés au Maroc », ajoute Linares. De nombreux confrères de la presse étrangère accréditée au Maroc soulignent l'extrême serviabilité et disponibilité de Percebal, un personnage sans histoires, un peu fantaisiste, mythomane sur les bords… En décembre dernier, lors de la visite au Maroc du secrétaire général du parti socialiste espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero, Percebal avait profité d'une conférence de presse pour s'approcher du Premier ministre Abderrahmane Youssoufi pour lui toucher un mot sur la situation des correspondants espagnols au Maroc. Mais il avait également une vie privée, que ses amis et confrères veulent protéger. Mardi dernier, son corps a été découvert un peu avant 16h, dans son domicile r'bati de l'avenue du Chellah par son grand ami Manuel Cascante, correspondant d'ABC. Etonné de ne pas avoir de réponse à ses nombreux appels, Cascante entre et découvre le cadavre de son ami gisant dans son lit, le corps lardé de coups de couteaux. Horrifié, il alerte son ambassade, puis la police. Et là, tout va très vite, puisqu'en moins de 48 heures, celle-ci finit par mettre la main sur le meurtrier K.B, un jeune paumé de 18 ans, qui apparemment connaissait bien la victime, ainsi que sur un complice H.Z, 27 ans. Lors de la reconstitution du crime, qui s'est déroulée vendredi, le suspect a assené plusieurs coups de couteau à la victime dans sa chambre à coucher, dont un mortel au niveau du cœur. Son forfait accompli, K.B s'est rendu dans son quartier pour informer H.Z du crime. Les deux jeunes hommes sont revenus ensuite à la maison de la victime et, pour faire croire à l'œuvre de cambrioleur, ils ont emporté du matériel électronique et plusieurs objets personnels de Percebal, dont un téléphone portable, que l'assassin a eu l'imprudence d'utiliser et qui aurait permis de le localiser avant son arrestation. Un système apparemment nouveau et dont l'efficacité est redoutable. La P.J s'est vite rendue compte qu'aucune trace d'effraction n'a été constatée, d'autant plus que la villa était gardée par un berger allemand... Et l'enquête s'était rapidement orientée vers un crime aux mobiles de droit commun. Au-delà de toutes ces considérations, il est toujours attristant de déplorer la mort d'un homme, un confrère de surcroît et un grand ami du Maroc, un pays dans lequel Percebal avait choisi de travailler et de vivre. José Luis était un homme de passion. Il est mort passionnément.