Il y a peu de temps, l'acteur Said Taghmaoui a été classé par ALM dans le top 20 des plus beaux hommes marocains. Il y a peu de temps, l'acteur Said Taghmaoui a été classé par ALM dans le top 20 des plus beaux hommes marocains. Aujourd'hui il refait parler de lui, non pour son talent, ni pour sa beauté mais pour son machisme. Cet acteur d'origine marocaine «déshonore la femme marocaine». Dans un entretien au magazine «Femmes du Maroc», l'artiste ne mâche pas ses mots et cultive davantage l'image de la femme-objet. Il va jusqu'à mettre sur le même pied d'égalité les oranges et les prostituées en déclarant que «malheureusement, le 2ème produit d'exploitation du Maroc avec les oranges, ce sont les prostituées». A en croire les propos de cet artiste, il a un sérieux problème avec la notion d'émancipation de la femme, chose qu'il associe de manière très «crédule» à celle de prostitution. «Sous prétexte d'émancipation, n'oublions pas la dignité ! Ce n'est pas possible de voir à quel point la prostitution des Marocaines est en recrudescence !». Si les propos de Taghmaoui sont dégradants pour la femme marocaine, ils le sont doublement pour les prostituées. Pour lui, la prostitution serait une solution de facilité pour vivre dans le luxe et ce sans tenir compte de la réalité des choses. «La plupart ne vendent pas leur corps pour manger, car hamdoullah ça va très bien dans notre pays, mais pour s'acheter de belles voitures, des Prada et des Gucci. Et le pire, c'est qu'elles te jettent en plus des regards pédants de 150 km de haut, en te faisant croire que parce qu'elles ont de l'argent, ce sont des femmes respectables», se déchaîne-t-il dans son interview. Des propos qui ne laissent pas indifférentes les militantes des droits des femmes. Des figures féministes, indignées par les propos de l'artiste, ont choisi de rétorquer sur nos pages. (voir ci-dessous). Pour Fouzia Assouli, présidente de la Ligue démocratique des droits de la femme (LDDF), Said Taghmaoui est allé trop loin. «C'est scandaleux. Cet artiste a une vision très simpliste de la femme marocaine. Il ne connaît pas la réalité. Parler de recrudescence de la prostitution sans avoir de chiffres à l'appui est vraiment simpliste», déplore Mme Assouli. Et d'ajouter : «Comparer des femmes à des oranges est indigne de sa part. Nous nous attendions à plus de retenue de la part de cet artiste qui porte des jugements non fondés». Ce qui est le plus choquant pour ces femmes qui, rappelons le, ont fêté le 8 mars leur Journée mondiale, serait le fait que, étant Marocain, cet acteur devrait avoir une vision éloignée des clichés et des stéréotypes véhiculés. La LDDF a une position très claire sur la prostitution. Il s'agit d'une violence sexuelle à l'égard des femmes. «Au lieu de véhiculer des stéréotypes, M. Taghmaoui doit comprendre que la prostitution est une activité subie et forcée et non voulue. L'étude menée par OPALS (Organisation panafricaine de lutte contre le sida) avait révélé que 97,5% des prostituées marocaines désiraient quitter la prostitution. Il faut aussi relever que 32,6% des prostituées ont subi un acte sexuel entre 6 et 15 ans», indique Mme Assouli. La pauvreté constitue la principale raison qui pousse les femmes à se prostituer. «64,9% des femmes qui sont exploitées dans la prostitution sont très pauvres et 92,7% des prostituées ont plus de 8 membres à leur charge», tient-elle à préciser. La perception qu'a cet artiste de la femme marocaine témoigne une fois de plus du caractère machiste de la société dans laquelle nous vivons.