Les partis politiques sont tenus de rendre des comptes à l'Etat, particulièrement en ce qui concerne la contribution que celui-ci leur a alloué pour le financement de leur campagne électorale pour le scrutin du 25 novembre. Les élections communales approchent. Tous les partis s'y préparent. Mais en attendant, nos politiques font encore le bilan du scrutin du 25 novembre. Sur la base de ces élections législatives, ils reconfigurent leurs structures, leurs organisations et leur positionnement politique et idéologique. Et actuellement, en parallèle aux congrès organisés (celui du PAM), ou en pleine préparation (les congrès du PJD, RNI, USFP, Istiqlal...), la majorité des partis prépare et peaufine ses rapports financiers. Cela passe par des experts-comptables, auditeurs et commissaires aux comptes. Et pour cause: Nos formations politiques sont tenues de rendre des comptes à l'Etat, particulièrement en ce qui concerne la contribution que celui-ci leur a alloué pour le financement de leur campagne électorale pour le scrutin du 25 novembre. S'élevant à 220 millions DH, la somme totale de la contribution a été répartie sur les partis en fonction de leurs résultats aux élections. Et ce, conformément aux lois régissant les élections. Ces mêmes lois obligent également les partis à remettre aux caisses de l'Etat l'argent qui n'a pas été dépensé dans le cadre de la campagne électorale. Mais encore une fois, le PJD a emboîté le pas aux autres partis, se distinguant comme l'un des seuls à avoir fait ses comptes à temps, à les avoir communiqués d'une manière transparente et surtout à avoir remboursé les montants qui n'ont pas été utilisés. Le PJD avait eu la part du lion de cette subvention, soit 54 millions DH étant donné qu'il a recueillis 27,08% des voix et remporté 107 sièges au Parlement. Sur les 54 millions de dirhams, il a récemment remis 20 millions à l'Etat. Certains ont vu en cette initiative un autre coup médiatique du PJD, toujours mettant en avant son image de Mr. Propre, d'éternel premier de la classe (politique). D'autres ont vu en cela, une manière du parti menant le gouvernement de donner l'exemple aux autres formations. Qu'en est-il aujourd'hui des autres partis ? La transparence gagne-t-elle notre classe politique ? Combien ont-ils reçu de la part de l'Etat, combien ont-ils dépensé ? «C'est à peine si la contribution de l'Etat nous a suffi», a indiqué à ALM Mohamed Mouhib, trésorier de l'USFP. Selon lui, ce parti qui s'est placé 5ème aux élections avec 9,87 % et 39 sièges a reçu moins de 20 millions de dirhams. La somme qui été accordée à chaque candidat a varié selon lui entre 50.000 DH et 100.000 DH, ceci en dehors de la liste nationale. Classé en troisième place lors des élections avec 13,16% des voix et 52 sièges, le RNI a reçu près de 27 millions de dirhams, une somme entièrement dépensée a précisé à ALM Bouhdoud Mohamed, trésorier du parti. Selon lui, 4 millions DH ont servi à l'impression des programmes du parti, le reste a été entièrement réparti entre les candidats et les événements organisés lors de la campagne. Le PAM qui a été placé en quatrième place avec 47 sièges au Parlement, 11,90 % des voix soit 564.000 électeurs aurait reçu environ 24 millions de dirhams. «Un montant totalement dépensé et audité vérifiée au dirham près par nos experts-comptables mais aussi par la Cours des comptes», a déclaré à ALM Ali Belhaj membre du bureau politique du PAM. Selon lui, «le grand problème n'est pas la justification de l'usage de cet argent. Mais l'utilisation pendant la campagne de fonds non justifiés, au delà de la limite autorisée et de sources occultes». L'UC placé 7ème aux élections législative avec 5,82 % de voix et 23 sièges a eu droit à quelques 10 millions de DH. «Le PJD aurait pu nous offrir une part de ce qu'il a reversé à la caisse de l'Etat», a souligné avec humour Mohamed Abied, Secrétaire général du parti. Selon lui, le parti a même dû dépenser plus que ce que ne lui permettait la subvention. «Les dépenses pour chaque candidat, lors de la campagne, ont varié entre 150.000 et 300.000 DH», a-t-il précisé. Plus de 16 millions de DH ont été accordés aux Mouvement populaire 6ème aux élections avec 8,10% de voix et 32 sièges. Par ailleurs, bien que ce parti soit aujourd'hui dirigé par l'intérimaire Said Ameskane, Mohamed Lanser en est toujours l'ordonnateur et le seul, avec le trésorier, habilité à signer les dépenses du parti. Pour sa part, l'Istiqlal, placé deuxième au élection avec 15,19% des voix et 60 sièges, aurait reçu, comme aide de l'Etat, quelque 30 millions de dirhams. Lors de sa campagne, le parti avait accordé 40.000 DH pour chacun de ses candidats, soit un total de 15,8 MDH sur l'ensemble des 92 circonscriptions du Royaume avec 395 candidats. Le PJD : Modèle de transparence ou adepte d'un populisme inné ? Tout le monde s'accorde à dire que rendre la partie de la contribution de l'Etat, non dépensée lors de la campagne électorale, est acte tout a fait normal et imposé par la loi. Mais si pour certains en communiquant la-dessus, le PJD continue pour d'autres, «à jouer sur la note sensible des masses, alors que les vrais problèmes sont laissés de côté» comme l'estime Mme Milouda Hazib membre du bureau politique du PAM, d'autres y reconnaissent son génie organisationnelle. Laila Ouachi, membre du bureau politique du RNI estime que «l'initiative du PJD est chose positive qui peut servir de modèle aux autres partis pour plus de transparence, mais le moment choisi pour communiquer autour n'est pas innocent et entre dans une logique de campagne permanente du PJD». Toutefois Mme Ouachi avoue : «l'initiative du PJD reflète que ce parti a bien meilleure capacité d'organisation d'optimisation de ses coûts que les autres partis, y compris le RNI malgré notre irréprochable organisation au niveau technique». en effet, rappelons que le PJD a basé sa campagne les cotisations des candidats eux-mêmes, les adhérents et les sympathisants. Par ailleurs, la transparences du parti islamiste fait aussi des émules : «Nous aussi au RNI on aspire à plus de transparence, d'ailleurs c'est la première fois que nous avons lancé un appel d'offre pour l'organisation de notre prochain congrès», a souligné Laila Ouachi.