Le secrétaire général sortant de la jeunesse istiqlalienne a été réélu à la suite d'un consensus entre les différents groupes de congressistes. Mais, déjà, certains parlent d'«irrégularités» et de «graves déviations». Les travaux du 10ème congrès de la jeunesse istiqlalienne se sont achevés, hier matin à Fès, après trois jours de débats et de votes parfois houleux. En effet, ce fut l'occasion pour les congressistes (via le comité central) d'élire les dix-neuf nouveaux membres du bureau exécutif ainsi que le secrétaire général de la Chabiba istiqlalienne. C'est ainsi que le secrétaire général sortant, Abdellah Bakkali, a été reconduit à la tête de la jeunesse istiqlalienne, à l'unanimité. Ce dernier a qualifié, non sans fierté, sa réélection comme "un signe de confiance et une reconnaissance de la part du congrès des réalisations de l'ancien Bureau exécutif". Ceci n'empêche que ce même congrès a souhaité injecter du sang neuf dans son organe exécutif. Et pour cause, "les deux tiers, environ, des membres du Bureau exécutif sont élus pour la première fois", souligne Bakkali. Toutefois, les travaux du congrès de la Chabiba istiqlalienne ne se sont pas déroulés sans quelques problèmes, inhérents à ce type de rencontres. En effet, bon nombre de congressistes ont manifesté leur vif mécontentement à l'égard de certaines "déviations et irrégularités" rapidement contenues. C'est ainsi que Allal Maânine, ancien membre du Bureau exécutif a estimé que "plusieurs cadres valables de la Chabiba ont été purement et simplement écartés par des groupes d'opportunistes grâce à des stratagèmes politiques douteux". Maânine pointe notamment du doigt, Abdelqader El Kihel. Celui-ci, conseiller communal à Salé, occupe actuellement le poste de secrétaire national de la jeunesse scolaire istiqlalienne. "El kihel est en train de se préparer au poste de secrétaire général de la Chabiba, d'ailleurs, il a mis en minorité Bakkali au sein même du Bureau exécutif", précise Maânine. Principal point d'achoppement entre les congressistes: le corps électoral. Certains voulaient que ce dernier soit composé des membres du conseil national, d'autres du comité central. En fait, ce dernier n'ayant aucun pouvoir décisionnel, les mécontents auraient souhaité que l'organe exécutif soit élu par le conseil national. "Mais pour pouvoir confectionner un Bureau sur mesure, les opportunistes ont réussi à imposer le comité central", soulignent certains congressistes. Résultat: plusieurs cadres de qualité se sont trouvés écartés. L'action de ces intrus était guidée par des intérêts personnels, soulignent les mécontents. "Ma propre éviction, déclare Maânine, me pose moins de soucis que celle des jeunes cadres compétents qui pouvaient apporter beaucoup de bien à la Chabiba". En effet, Maânine en était à son troisième mandat au sein du Bureau exécutif de la jeunesse istiqlalienne. Il est également membre du cabinet du ministre de l'Equipement et du Transport. "Je n'ai donc plus rien à prouver", lance-t-il. D'un autre côté, Hicham Abdellaoui, a révélé plusieurs irrégularités contenues dans le document politique approuvé par le congrès. "Ce document, préparé par la commission politique, comporte des prises de positions en total déphasage avec les principes et les valeurs du parti de l'Istiqlal", estime Abdellaoui. Et pour cause, il y est question notamment de la demande de "constitutionnaliser l'amazighité" ainsi que des notions politiques étrangères à l'esprit istiqlalien, telle que "la souveraineté doit revenir au peuple". Pour Abdellaoui, "l'Istiqlal soutient un projet politique clair, celui de la monarchie constitutionnelle". En tout cas, ces déviations donnent une idée du sérieux qui a prévalu lors des travaux des congressistes. L'attention de ces derniers était manifestement focalisée essentiellement sur les élections. A noter également, que l'élection de Abdellah Bakkali à la tête de la Chabiba a eu lieu à la suite d'un consensus clair entre les différents protagonistes. Les deux autres candidats au poste de secrétaire général, en l'occurrence Allal Maânine et Abdessalam Bekkari, ont retiré leur candidature à la dernière minute. Mais Bakkali ne leur a pas rendu l'ascenseur, puisqu'il se serait opposé à leur désignation, sans vote, comme membre du Bureau exécutif.