«L'idée de mettre en place une charte c'était pour fixer clairement les objectifs de cette majorité et les règles de conduite». Décidément, la mise en place d'une majorité confortable, la répartition satisfaisante des postes ministériels et la préparation de concert de la déclaration gouvernementale ne sont pas les seules priorités pressantes du nouveau chef de gouvernement. Abdelilah Benkirane, qui a aujourd'hui le soutien de 222 parlementaires, cherche à consolider sa majorité et à assurer son homogénéité. Et tous les moyens sont bons pour atteindre cet objectif. Les quatre alliés, MP, Istiqlal, PJD et PPS ont convenu de mettre en place «une charte de la majorité» définissant clairement les objectifs à atteindre et les règles de conduite à respecter. Sur le plan pratique, c'est le parti dirigé par Nabil Benabdellah qui a élaboré un projet dans ce sens. Puis il a été remis aux alliés pour concertation. «Le projet de la charte est en discussion avec les alliés. L'idée de mettre en place une charte c'était pour fixer clairement les objectifs de cette majorité et les règles de conduite», souligne Abdelouahed Souhail, membre du bureau politique du PPS. «Il est également question pour nous de déterminer la manière de travailler ainsi que les valeurs qui sous-tendent tout cela, à savoir le respect de la Constitution et sa mise en œuvre d'une manière ouverte et démocratique», ajoute-t-il. M. Souhail a indiqué, en outre, que les quatre partis travaillent d'après une démarche participative pour mettre sur pied ce projet. Selon les observateurs, le fait que M. Benkirane ait recours à cette charte s'explique par deux principales raisons : la première c'est qu'il souhaite assurer une bonne marche à l'action gouvernementale en évitant les blocages qui ont été légion lors du gouvernement sortant de Abbas El Fassi. Et la deuxième c'est que Benkirane est parfaitement conscient du fait qu'il dirige une majorité pas très confortable et qu'il risque de voir son équipe renversée au cas où l'un de ses alliés fait défection. D'où la démarche de l'établissement d'une charte contenant un engagement du moins moral des alliés. Dans cet ordre d'idées, en évoquant la charte de la majorité, les dirigeants du parti islamiste préfèrent ne pas parler de «craintes» mais plutôt d'un mécanisme déontologique destiné à perfectionner l'action gouvernementale. «Nous ne parlons pas de craintes. D'ailleurs, le mot charte évoque l'idée d'un écrit solennel ou d'un règlement qui définit les bonnes pratiques à adopter et la déontologie à respecter», souligne Mustapha Ramid, membre du secrétariat général du PJD. Ce dernier, largement donné favori pour chapeauter le ministère de la justice, indique, en outre, que cette charte s'assigne comme objectif de définir les règles de conduite à respecter dans le cadre des rapports entre le chef de gouvernement et les ministres ainsi qu'entre les différents départements. Selon la même source, la charte de la majorité met l'accent aussi sur les règles de conduite que les ministres devront respecter dans leur rendement au gouvernement.