La 3ème rencontre sur l'artisanat menacé de disparition a conclu à la nécessité de se passer le témoin entre énérations. A Rabat où elle s'est tenue mercredi, tous les participants ont dit que le sauvetage du métier est affaire de récupération du savoir-faire des derniers «maâlmins» vivants. La 3ème rencontre sur la préservation des métiers de l'artisanat a franchi plusieurs tons sur la gamme de la véhémence pour dire l'urgence qu'il y a à tenter de sauver les meubles dans certaines professions menacées de disparition. Organisée mercredi matin à Rabat au siège du secrétariat d'Etat chargé de l'artisanat, cette réunion qui est la troisième du genre après celle qui a jeté en 2008 les bases de réflexion du grand rattrapage des arts en difficulté, a dit tout à la fois la pertinence des remèdes prescrits et la nécessité d'en augmenter les doses. Car pour Anis Birou comme pour les nombreux artisans qui ont répondu à son appel, l'artisanat n'est pas qu'un bien économique ou une prestation de service, c'est en plus, sinon surtout, un élément essentiel du patrimoine culturel. Le secrétaire d'Etat n'hésitera pas dans son allocution à le qualifier de partie du patrimoine de l'humanité et à associer l'Unesco à sa préservation. Cependant s'est-il empressé d'ajouter, c'est aux Marocains de sauver un pan de leur identité nationale. En attendant la perspective où cette préservation sera l'affaire de tous, le ministre a lancé un appel pressant à la mobilisation des artisans «afin de se donner la main pour une transmission du savoir-faire entre générations et pour une pérennisation des arts ancestraux». Il faut apprendre des «maâlmins» les techniques séculaires afin de perpétuer la tradition du travail exécuté avec amour, a-t-il déclaré en substance. Cependant, a-t-il souligné, il faut également y ajouter la touche d'innovation qui le rend plus adapté aux nouveaux besoins du marché. Anis Birou qui s'est félicité des résultats du plan de sauvetage de cinq métiers réputés jusqu'alors condamnés, a laissé entendre que les mesures qui ont permis cette préservation seront généralisées à d'autres secteurs en difficulté. Parce qu'elles ont été efficientes en ce qui concerne la marqueterie de Fès, la reliure-dorure, la céramique de Meknès, les selles brodées et le zellige de Tétouan, ces techniques de repêchage vont profiter à d'autres artisans, a-t-il affirmé. Afin de leur assurer un effet thérapeutique optimal, et parce qu'il lui semble que le know how est le plus exposé à la perdition, le ministre a appelé à un plan d'urgence de formation dans les métiers menacés. Ce plan lui semble d'autant plus fondamental que selon lui, il s'inscrit dans le droit fil des préoccupations qui ont présidé à la création de l'académie des arts traditionnels. C'est au prix de ces différentes mesures, au demeurant complémentaires, qu'un vaste pan de l'artisanat marocain sera sauvé, a-t-il déclaré. Avant de conclure qu'en définitive, il y va du rayonnement du Maroc. Le président de la Fédération des Chambres d'artisanat du Maroc a déclaré dans ce sens que l'artisanat est une composante cardinale de la mémoire collective du peuple marocain. Les artisans sont prêts à assumer leur responsabilité afin de préserver ce patrimoine, a-t-il dit avant d'appeler l'ensemble des Marocains à participer à cette «noble et grande action». L'artisanat n'est pas seulement l'affaire artisans; c'est l'affaire de tous, a-t-il conclu. A l'issue de cette rencontre, Anis Birou a remis des prix d'excellence aux artisans qui se sont illustrés au cours de l'année. Ahmed Salaheddine