Brahim Benkiran a encadré les huit jeunes de la médina qui exposent leurs photos de la médina de Casablanca jusqu'au 18 septembre à la galerie la Sqala. Il parle de cette expérience. ALM : Comment est née l'idée de l'exposition « Ma médina » ? Brahim Benkiran : L'idée de cette exposition est née d'une rencontre entre moi et Catherine Barut, secrétaire générale de l'association Sqala durant laquelle on a abordé la vertu de la photo pour le développement personnel des jeunes, sujet qui intéresse particulièrement l'association autant que la préservation de la médina. L'utilisation de la photo pour consolider l'image de soi des jeunes et leur auto-estime, l'appropriation et le renforcement de leur identité m'étaient aussi familier depuis que j'avais rencontré à mes début à Paris en 1992 un photographe qui travaille avec des enfants des quartiers difficiles. Donc il était question d'aller dans ce sens avec l'association qui s'est occupée de toute la partie organisation et choix des 8 bénéficiaires qui ont exposé chacun 4 photos. Quelle a été votre approche pour l'accompagnement des jeunes photographes? Mon rôle a été d'amener ces jeunes qui n'avaient pas d'expérience en photographie à s'exprimer par le biais de ce medium et devenir autonome. Leur expliquer qu'est- ce qui fait qu'une image peut être parlante, transmettre une émotion, une esthétique, un message... aussi leur donner quelques règles de photographie ( qu'ils étaient libres de ne pas respecter). Tout ceci autour d'un thème, «Votre vie dans la médina». Il y a aussi la situation géopolitico-sociale de la Sqala qui m'avait fasciné depuis que j' y ai exposé en 2003 et qui est prise en compte dans ce travail. Portant sur deux façades de la médina, la Sqala donne, d'un côté, sur la porte économique de Casablanca, et d'un autre sur l'ancienne médina : deux rythmes, deux univers et mode de vie contrastés. Quelles sont ces règles auxquelles il fallait initier les jeunes et quel est le trait commun entre ces 8 exposants? Il a été question de la composition d'une image et la manière de lecture. On parle de points d'accroche, lignes conductrices, proportions, points de contraste maximum, points de lumière maximum : Tous pour mettre en relief le sujet, l'esthétique, l'histoire qu'on veut raconter dans le respect des traits de personnalité de chacun. Il y en a qui mettent plus en avant la beauté des choses, d'autres qui révèlent la réalité dure. Mais tous ont été enthousiastes et matures faisant un travail profond et ayant un souci d'équilibre. Loin de la dramatisation ou de l'idéalisation absolues, avec leurs photos ils ont présenté la médina avec ses ombres et lumières. Je tiens à souligner que le travail exposé est 100% fait par les jeunes accompagnés également par les membres de l'association au niveau logistique et communication.