Le journaliste du Wall Street Journal est toujours entre les mains de ses ravisseurs qui réclament la libération de leurs concitoyens pakistanais détenus par les Etats-Unis. Daniel Pearl, 38 ans, enquêtait sur des groupes pouvant avoir un lien avec le réseau Al-Qaïda, à Karachi, ville portuaire au Sud du Pakistan, lorsqu'il a été enlevé le 23 janvier dernier. Il avait déclaré à son épouse qu'il s'apprêtait à interroger Mubarak Ali Shah Gilani, chef d'un mouvement radical islamique peu connu - le Tanzeemul-Fuqra, basé à Llahore (Est), lorsqu'il a disparu. Le groupe qui affirme détenir le journaliste l'accus d'être un agent des services secrets américains ou israéliens, ce que le quotidien américain Wall Street dément. Depuis, des négociations ont été entamées et les organisations de défense des libertés de la presse tentent de mobiliser la communauté internationale. Car que le journaliste américain se retrouve au beau milieu de tensions diplomatiques et politiques accrues depuis le lancement de la campagne anti-terroriste par Washington. Vendredi, une soixantaine de journalistes arabes et occidentaux spécialistes du Moyen-Orient, ont appelé à sa libération dans un appel commun. Adressé aux ravisseurs - qui menacent de tuer le journaliste si les Etats-Unis ne libèrent pas les Pakistanais capturés en Afghanistan –le texte affirme que M. Pearl est un « journaliste professionnel » et rejette toute accusation d'espionnage. Diffusé par le Comité pour la protection des journalistes, basé à New York, il est notamment signé par Mohammad Ali (Al-Jazira), Abdel Bari Atwan (Al-Qods Al-Arabi), Eric Rouleau (Monde Diplomatique), David Hirst (The Guardian). Quant à l'enquête, elle va d'ultimatum en révélations. Vendredi, le ministre pakistanais des affaires étrangères, Abdul Sattar, a déclaré que l'un des ravisseurs présumés de Daniel Pearl a appelé, depuis son téléphone portable, trois responsables du gouvernement indien. Une information qui intervient après que la veille, le Pakistan ait accusé l'Inde d'être complice de l'enlèvement. « Ce que je peux dire en ce moment, c'est qu'il y a un lien indien dans cette affaire », avait alors déclaré le porte-parole militaire du gouvernement pakistanais, le général Rashid Qureshi. Oubliant pour un instant le Cachemire, l'Inde avait aussitôt répliqué : « ridicule ». Dépêchés à Karachi, des agents du FBI ont quant à eux interrogé le principal suspect de l'enlèvement, Mubarak Ali Shah Gilani, arrêté mercredi. En attendant, la vie de Daniel Pearl, tient toujours au bon vouloir de ses ravisseurs. Un premier ultimatum de 24 heures avait été lancé mercredi avant d'être repoussé à vendredi. Diffusées jeudi par e-mail, leurs revendications ont été catégoriquement rejetées par Washington. Elles précisaient : « C'est le début, et c'est une vraie guerre contre les Américains. Les Américains connaîtront le goût de la mort et des destructions que nous avons eues » en Afghanistan et au Pakistan…