Nous pouvions, le 20 Février, ne pas être d'accord avec le «timing» choisi, nous pouvions ne pas être en accord avec toutes les revendications émises, il n'empêche, à l'apparition de ces jeunes, c'est un sentiment de sympathie qui prévalait ; même si ces jeunes n'étaient pas des «oisillons» tous frais éclos de facebook, comme cela était dit… Ces jeunes avaient le mérite de mettre sur la place publique des revendications qui appartenaient –souvent silencieusement- à chacun : dignité, respect, justice sociale, égalité des chances…Ils ont alors joué un rôle de «starter» et de porte-voix… Quelque part ils se plaçaient dans la lignée de «précurseurs» qui –par la musique, par le théâtre, par la chanson, par le cinéma- avaient ouvert de nouveaux espaces d'expression tels «Le Boul'vard», «Dabathéâtr'», «Hoba Hoba Spirit», «Bigg» ou encore un film tel «Casa Negra». C'est, selon moi, après le discours royal du 9 Mars qu'il y a eu erreur d'aiguillage, et dès la marche du 20 Mars on a pu remarquer une «inflexion», lorsque l'on a vu apparaître «autour» de ces jeunes des forces aux buts plus ou moins «obscurs»… Dès ce moment là, nous avons été quelques uns à faire part de nos inquiétudes, on nous a alors rétorqué que «nous étions contre le changement». Faux bien sûr, et si l'on observe ce qui se passe aujourd'hui, force est de constater que nos craintes étaient justifiées. Les jeunes du 20 Février se sont faits «faire les poches» par les «extrêmes». C'est pourtant après le 20 Février que ce mouvement aurait pu-et dû- devenir «force de proposition» ou «mouvement de contrôle», ils n'ont pas su ou pas voulu le faire…Aujourd'hui il faut «sauver les jeunes du 20 Février» même malgré eux. Il est clair qu'il manque à ce mouvement un débouché politique ! C'est ce qui d'ailleurs a permis sa récupération et son «détournement» par des forces qui jouent le «cheval de Troie». Ainsi les jeunes du 20 Février ont tort de penser que tous les jeunes (et Dieu sait s'ils sont nombreux) qui n'épousent pas leurs thèses sont des «baltajias» - outre le mépris que cela révèle, ce qui est un comble pour eux qui se battent contre la «hogra»- ce sectarisme les enferme dans une bulle paranoiaque ! Par ailleurs s'ils le veulent, ils peuvent bénéficier de conseils de talent à leur «périphérie», de la part de personnalités issues de la génération qui les précède et qui ne chercheront pas, eux, à les utiliser,tels Omar Balafrej ,Younes Boumehdi, Driss Ksikes ou encore Driss C. Jaydane… Et puis les «autres jeunes» qui ne se reconnaissent pas dans le «20 Février» souhaitent eux aussi le changement, seulement ils agissent d'une autre façon, avec une autre philosophie… en se saisissant de l'opportunité ouverte par le discours royal du 9 Mars… Il faut que tous nos jeunes se retrouvent pour être, ensemble, une force d'édification ! Ceci dit, n'avons-nous pas –collectivement- une responsabilité dans le fait que le «mouvement du 20 Février» soit devenu une sorte de «machine folle». Politiques, élus, intellectuels, associatifs, commentateurs… peuvent-ils s'en laver les mains ? Si les jeunes du 20 Février deviennent de la «chair à canon» pour leurs «soutiens», si les jeunes «hors 20 Février» sont livrés à eux-mêmes et cherchent une voie et une voix, c'est aussi parce que nous avons «failli» quelque part à nos responsabilités…que nous avons été sourds et aveugles… Il faut sauver les jeunes du 20 Février est en fait, réducteur, il faut en vérité sauver tous nos jeunes, au risque si nous ne faisons rien -en plus d'être responsables- de devenir coupables!