Nezha Lahrichi, nouvelle présidente du CNCE, énumère pour les lecteurs d'ALM les principaux défis à relever par le Conseil. ALM : Quelles sont les principales réalisations du CNCE à aujourd'hui? Nezha Lahrichi : Conformément à la pertinence de ses missions, le Conseil a, jusqu'à présent, accompli un travail remarquable qu'on peut juger à l'aune des projets réalisés et des résultats concrets. Publication de rapports annuels de grande qualité, élaboration du plan national de simplification des procédures et des formalités du commerce extérieur qui vise la mise en place d'un guichet unique, analyse de la cohérence des accords du libre- échange, travaux contribuant à la préparation des négociations avec l'Union européenne sur la libéralisation du commerce des services et bien d'autres. Mais, le projet- phare, celui de la création d'un Observatoire est significatif de la prise de conscience aiguë que la guerre économique bat son plein et qu'il est indispensable d'avoir un dispositif de surveillance de l'environnement international et de veille stratégique, devenu incontournable pour renforcer notre compétitivité. À cet égard, il y a lieu de préciser que les économies les plus compétitives ont adopté une démarche d'intelligence économique. C'est-à-dire une démarche axée sur la recherche, la collecte et le traitement de l'information pour l'aide à la prise de décision, autrement dit, la finalité est opérationnelle et le défi est de fournir la bonne information au bon moment. Le défi, aussi, est de décliner une information structurée et utile au monde économique. Qu'est-ce qui rendra le Maroc plus compétitif? La création d'un Observatoire est un élément qui fait partie de l'ensemble du dispositif du gouvernement pour renforcer la compétitivité du pays. C'est dans ce cadre qu'il faut souligner que la mission de soutien aux exportateurs et leur développement à l'international passe par un diagnostic permanent de l'état du monde, par une analyse en continu des risques et des menaces liés à l'environnement international, mais aussi, par leur sensibilisation aux opportunités du commerce international et aux tendances à l'œuvre avec un objectif central. Celui d'augmenter notre capacité d'anticipation, deviner l'avenir, être en position d'anticipation est une posture stratégique parce que l'anticipation se veut une incitation à l'action. Il s'agit de ne pas subir la mondialisation, mais d'en être un acteur à part entière. Or, toutes les entreprises ne sont pas égales face au coût d'accès aux marchés d'exportation comme en témoigne la forte concentration de nos exportations sur un nombre restreint d'entreprises. Comment le Conseil peut-il contribuer à résoudre la question du déficit commercial ? L'Observatoire est appelé à être un centre d'intelligence économique mais l'Observatoire c'est aussi un think-tank. C'est-à-dire une force de propositions à partir des études, à partir de l'édification d'un instrument de la connaissance de toutes les questions liées aux échanges extérieurs et à la politique commerciale du Maroc qui est par définition complexe dans le cadre d'une économie ouverte. C'est une matière complexe parce qu'il y a une imbrication des équilibres externes et internes. Comment expliquez-vous cette imbrication des équilibres ? Il y a un lien évident entre le taux de change et le déficit de la balance des paiements mais aussi entre ce dernier et le taux d'intérêt via la liquidité bancaire. Le 2ème élément est que le défi d'investir les marchés extérieurs suppose une responsabilité partagée, la conjugaison des efforts et une synergie entre les différents membres du Conseil dont le choix n'est pas fortuit, ses composantes privées et publiques sont une illustration de la démarche participative. Sa diversité est un atout pour inventer des cheminements et relever les défis désormais plus complexes et donc plus stimulants car le commerce est loin d'être un facteur de pacification des relations internationales.