Les augmentations d'indemnités décidées par le gouvernement en faveur des enseignants- chercheurs ont suscité des réactions de satisfaction dans les milieux universitaires. Lors de sa dernière réunion, tenue sous la présidence du Premier ministre, Driss Jettou, le Conseil du gouvernement s'est penché essentiellement sur les résultats du dialogue social. Outre le volet concernant les fonctionnaires, il a été question, également, au cours de ce Conseil de l'adoption d'un projet de décret modifiant le calendrier annexe au décret portant statut du corps des enseignants-chercheurs de l'enseignement supérieur et d'un projet de calendrier annexe au décret portant statut du corps des enseignants-chercheurs des établissements de formation des cadres. Le troisième projet de décret, adopté en faveur du corps des enseignants universitaires, définit, quant à lui, les diplômes requis pour accéder aux différents grades de l'administration publique. Bien entendu, les termes de ces mesures ne datent pas d'hier, puisqu'ils ont fait l'objet d'accords entre le Premier ministre, le ministre de l'Enseignement supérieur, Khalid Alioua, et le SNESup ( Syndicat national de l'enseignement supérieur). Dans les jours qui viennent, ces projets seront validés par un Conseil des ministres, un fait qui annonce bel et bien la fin d'une période de malentendus et surtout de scepticisme au sein du campus universitaire, surtout en ce qui concerne les enseignants-chercheurs. Techniquement, l'on apprend que la première tranche des augmentations d'indemnités est prête à être livrée aux personnes concernées. Le retard accusé à cet effet, pourrait être attribué à la volonté de la Primature d'inclure leur enveloppe budgétaire à celle touchant l'ensemble des volets relatifs au dialogue social. Dans les milieux des syndicats, force est de constater une sorte de satisfaction généralisée, y compris certaines personnes connues pour leur « fibre contestataire ». Pour Mohamed Abou Nasr, secrétaire général du Bureau régional du SNESup à Casablanca, ces augmentations devraient être appliquées depuis plusieurs mois. En septembre 2002, dit-il, elles ont fait l'objet d'un accord entre le syndicat précité et le gouvernement. Ces accords portaient sur des augmentations allant de 3000 à 4500 dirhams, qui devraient être débloquées en une seule tranche. Mais, depuis lors rien n'a été fait. Et d'ajouter que lors du dernier Conseil de gouvernement, il a été décidé de répartir ces majorations d'indemnités, qui s'inscrivent dans le cadre de mesures d'alignement avec la Fonction publique, en trois tranches, soit pour les mois de juillet 2003, 2004 et 2005. Cela dit, M. Abou Nasr s'est dit satisfait et a formulé ses vœux de voir aboutir la réforme universitaire. D'un autre côté, un dirigeant du SNEsup a estimé essentiel d'inscrire ces dernières mesures dans le cadre d'une politique globale de redressement et d'amélioration de la situation financière des couches moyennes ; lesquelles, dit-il, constituent un levier d'une importance inestimable pour le rétablissement de la paix sociale et jouent un rôle très important dans le fléchissement des rapports de force en faveur soit des forces de la modernité, soit celles du conservatisme rétrograde. En d'autres termes, à travers cette logique, l'on essaie d'expliquer la montée du radicalisme par la prolétarisation constante des couches sociales moyennes durant les décennies précédentes. Aussi, force est de constater que cette approche « économique » est de plus en plus partagée au niveau de l'élite universitaire.