Ils se sont rencontrés en prison. Ces deux amis, repris de justice, ont décidé de former un duo qui agresse surtout les femmes. Leurs victimes se chiffraient à une quinzaine. Ils ont été condamnés à trois ans de prison ferme. Quand ils ont mis leurs pieds dans la salle d'audience, les regards de toute l'assistance se sont tournés vers eux comme s'ils attendaient leur entrée. Âgés respectivement de vingt-cinq et vingt- huit ans, tous les deux sont des repris de justice. Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Deux policiers les ont conduits au box des accusés. Ils se sont plantés derrière eux. Ils ne leur permettaient pas de tourner la tête vers l'assistance. «Je m'appelle Hassan, âgé de vingt-huit ans, sans profession, célibataire, demeurant à Derb Soltan… J'ai purgé deux peines d'emprisonnement», a déclaré Hassan à la Cour. Quant à son complice, Mohamed, âgé de vingt-cinq ans, il était également sans profession, célibataire et repris de justice. D'ailleurs, ils se sont rencontrés en prison alors qu'ils purgeaient respectivement des peines de dix-huit et de six mois de prison ferme. En fait, tout le monde au quartier savait que Hassan était, depuis qu'il a quitté définitivement l'école, un esclave de toute sorte de drogue. Un vice qui l'a jeté, tôt, dans le gouffre de la délinquance. Et c'était la première fois qu'il a été arrêté et traduit devant la justice. Il a été alpagué une deuxième fois. «Quand j'étais en prison pour la deuxième fois, j'ai rencontré Mohamed. Il m'a aidé à surmonter la souffrance des premiers jours dans la cellule en prison», a précisé Hassan au président de la cour. Tous les deux sont devenus des amis. Hassan est arrivé à savoir que Mohamed était un collégien quand il a abandonné ses études, qu'il n'a pas pensé s'inscrire à un centre de formation professionnelle, que la mauvaise fréquentation l'avait encouragé à consommer du haschich ,des comprimés et des produits psychotropes et lui a permis d'apprendre le b.a.-ba de la délinquance pour devenir un professionnel des agressions à main armée. Et pourtant, il niait être un agresseur : «J'ai renoncé à mes comportements criminels, M. le président. Depuis que j'ai été relâché, la dernière fois de prison, je suis resté chez moi sans rien faire…». Au contraire, le procès-verbal consigné par la police judiciaire a révélé que Mohamed a fait la connaissance de Hassan alors qu'ils étaient en prison. Et quand ils ont été relâchés, ils se sont rencontrés pour reprendre leurs délits et crimes. Mohamed a participé à plusieurs agressions au point qu'il en a oublié le nombre. Pas moins de sept victimes, toutes des femmes, les ont reconnus. Une première s'est avancée vers le perchoir. Sans prêter serment, elle décrit à la Cour comment elle a été agressée et violentée par les deux jeunes hommes. «J'étais en chemin à destination de chez moi, vers 19 h, quand ces deux jeunes hommes m'ont obligée de s'arrêter. Ils portaient des couteaux. Je me suis arrêtée. Ils m'ont subtilisé tout ce que je portais sur moi, cinq cents dirhams, un bracelet en or et une bague dorée. Celui-ci (elle a indiqué Hassan) m'a giflée tout en m'embrassant», a-t-elle affirmé à la Cour. Une deuxième victime, une jeune femme de trente-deux ans, a raconté à la Cour avoir été agressée par le duo qui lui a dérobé son sac à main renfermant une somme de deux mille dirhams. Deux autres victimes, toutes des jeunes femmes, ont précisé avoir été violentées avant de perdre leur argent et leurs bijoux. Jugés coupable pour constitution d'une association de malfaiteurs, vol qualifié, menace à l'arme blanche, les deux jeunes hommes ont été condamnés à trois ans de prison ferme.