À dix-sept ans, il voulait rentrer chez lui quand trois élèves l'ont attaqué en essayant de lui subtiliser tout ce qu'il portait sur lui. Seulement, il était le plus fort. C'est pourquoi, il est arrivé à se sauver, mais après avoir tué l'un d'eux. Il est à son dix-septième printemps. La loi le considère encore mineur. Mais, il paraît plus grand que son âge. Sans profession, il passait son temps à rôder dans les quartiers de sa ville, sans objectif précis. Une sorte de vagabondage, bien qu'il disposait d'un foyer paternel où il se réfugiait chaque nuit après avoir fumé sa dose en haschich. Seulement, il a fini par être un meurtrier. Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Settat. La salle d'audience était archicomble cet après-midi du mois de mars. Ce mineur de dix-sept ans se tenait au box des accusés. Son inculpation n'était ni simple ni ordinaire, mais grave: homicide volontaire, une accusation qui lui coûterait, selon les dispositions de l'article 392 du code pénal, la réclusion perpétuelle. «J'avoue l'avoir tué, M. le président », s'est-il adressé directement au président de la Cour. Sans détour, il a reconnu son crime. Rares sont les accusés qui avouent clairement leurs crimes. La majorité d'entre eux se disculpe. Mais, non pas lui. Parce qu'il regrette son crime ? Peut-être. «Il venait de sortir de son école, en compagnie de son frère et un autre élève… J'empruntais le chemin à destination de chez moi… », a précisé le mis en cause qui se taisait de temps en temps comme s'il profitait de quelques secondes pour se souvenir en détail de ce qui lui est arrivé ce jour là. Et il a repris ses déclarations : «Tout d'un coup, je me suis rendu compte qu'ils me suivaient, qu'ils me guettaient… Je ne savais pas pour quelle raison… J'ai continué mon chemin… À un moment donné, le défunt m'a accosté et tous les trois ont commencé à fouiller mes poches… Ils avaient l'intention de subtiliser ce que je portais sur moi». Le mis en cause a expliqué à la Cour comment il les a menacés pour qu'ils le laissent en paix. Mais, au contraire, ils se sont moqués de lui. Ils ne savaient pas qu'il pouvait commettre l'irréparable. «Ils m'ont mis hors de moi, surtout Hamid qui encourageait les deux à fouiller mes poches. Rapidement, j'ai saisi mon petit couteau que je portais toujours sur moi. J'ai donné un premier puis un deuxième coup à Hamid, juste au niveau de sa poitrine et de son abdomen. Et j'ignore où je lui ai asséné le troisième coup». Le mis en cause a précisé que le frère du défunt et son ami avaient pris aussitôt la fuite. Alors que la victime gisait dans une mare de sang. Et pourtant, le meutrier ne s'est pas calmé. «J'ai saisi une pierre avec laquelle je lui ai donné un coup au niveau de ses jambes», a-t-il dit. En fait,la scène du crime était à la commune rurale Ouled Mohamed, circonscription Ben Ahmed, province de Settat. C'est de cette région que le frère du défunt est arrivé à la Cour pour présenter son témoignage. «J'étais en compagnie de mon frère, M. le président. C'est lui, le mis en cause, qui a attaqué mon frère. Il lui a dit bonjour et lui a demandé ensuite de prononcer La Chahada (la profession de foi de l'Islam). Après quoi, il lui a asséné plusieurs coups de couteau», a attesté le frère du défunt après avoir prêté serment. Le troisième élève qui était en leur compagnie a affirmé lors de son témoignage devant la Cour qu'il n'a rien entendu de la conversation qui avait eu lieu entre le mis en cause et le défunt. Mais, il a précisé que le mis en cause avait asséné plusieurs coups de couteau à son ami. Une réalité que le mis en cause n'avait pas niée en précisant qu'il n'avait jamais eu l'intention de le tuer. Verdict : huit ans de réclusion criminelle.