L'Union socialiste des forces populaires exige des réformes constitutionnelles et politiques dans les plus brefs délais et menace de se retirer du gouvernement et de ne pas participer aux élections de 2012. L'Union socialiste des forces populaires (USFP) va-t-elle se retirer du gouvernement Abbas El Fassi? La réponse à cette question, qui a fait l'objet pendant des semaines de spéculations des médias, des observateurs et des acteurs politiques, semble imminente. Suite à une réunion entre les dirigeants du parti de la rose et le comité exécutif du parti de l'Istiqlal, qui devait avoir lieu dimanche 6 mars, le parti dirigé par Abdelouahed Radi devait clarifier, d'une manière définitive, sa position à propos de la participation à l'Exécutif. C'est ce qu'a affirmé, samedi 5 mars, Abdelhadi Khaïrat, membre du bureau politique de l'USFP. «Nous devrons nous réunir, dimanche, avec le parti de l'Istiqlal et plus particulièrement avec le Premier ministre. Lors de cette rencontre, nous allons poser la question à Abbas El Fassi, en sa qualité de dirigeant de la majorité gouvernementale, de savoir s'il est capable d'aborder avec SM le Roi le dossier des réformes constitutionnelles et politiques dans les plus brefs délais», a souligné M. Khaïrat qui a été l'invité, samedi, de l'émission Daif Assâa animée par notre consoeur Khadija Redouane, sur Radio Aswat. «Au cas où la réponse du Premier ministre serait négative, nous allons nous adresser directement au Souverain. Cette démarche servira de base pour l'évaluation de la participation de l'USFP au gouvernement», a-t-il fait savoir. Lors de cette émission radiophonique, M. Khaïrat est allé encore plus loin en conditionnant la participation de l'USFP aux élections législatives de 2012 par les réformes politiques et constitutionnelles. «L'USFP réclame des réformes constitutionnelles avant 2012. Pas la peine de reproduire des expériences précédentes, sinon la participation de notre parti à ces élections pourrait être remise en question», a précisé ce membre du bureau politique de l'USFP. M. Khaïrat a indiqué, par ailleurs, que l'USFP a jugé opportun de se concerter avec ses alliés et autres composantes de la majorité gouvernementale avant de prendre toute décision s'agissant du maintien ou du retrait du gouvernement. «Au sein du gouvernement actuel, on ne peut pas parler d'alliance. On parle de partis politiques qui forment la majorité gouvernementale. En effet, nous n'avions pas de programmes communs avec certains partis qui forment l'Exécutif. Mais, nos valeurs ne nous permettent pas de prendre une décision d'une telle ampleur sans les consulter au préalable. Bien évidemment, nous n'allons pas les consulter un par un. Nous allons voir avec le chef de la majorité», a-t-il noté.Selon ce dirigeant du parti de la rose, la position du retrait du gouvernement en l'absence des réformes fait l'unanimité au sein de l'USFP. «Personne ne s'oppose au sein de l'USFP à cette position. Les bases et la direction du parti partagent le même avis. Nous allons quitter le gouvernement au cas où nos revendications au sujet des réformes constitutionnelles ne seront pas prises en considération. Nous estimons que depuis l'intronisation de SM le Roi Mohammed VI, une dynamique a été enclenché en matière de développement et nous voulons absolument aujourd'hui que le Maroc entame une nouvelle phase», a affirmé M. Khaïrat, ajoutant que parmi les réformes revendiquées par l'USFP figurent la mise en place d'une monarchie parlementaire, l'élargissement des prérogatives du Premier ministre, le renforcement de l'indépendance de la Justice et la révision du rôle de la Chambre des conseillers. A rappeler que le conseil national de l'Union socialiste des forces populaires (USFP) avait demandé au bureau politique, dans un communiqué rendu public lundi 27 février dernier, «d'entamer, dans les plus brefs délais, un dialogue franc avec ses alliés et la majorité gouvernementale pour faire des revendications portant sur les réformes constitutionnelles et politiques un programme commun à soumettre à l'appréciation de SM le Roi». «Ce dialogue doit aussi constituer une base pour évaluer la participation du parti au gouvernement et l'élaboration d'une position sur son maintien à l'Exécutif», avait indiqué le conseil à l'issue de sa session spéciale tenue dimanche. A noter que lors de cette session, tenue à Rabat, qui a été consacrée à l'examen de la conjoncture politique, plusieurs membres du conseil ont appelé à mettre un terme à la participation du parti de la rose au gouvernement dirigé par l'istiqlalien Abbas El Fassi. «Le retrait, le retrait... C'est la voix de l'USFP, c'est la voix de la jeunesse». «Nous revendiquons le retrait du gouvernement et du Parlement». Ce sont-là quelques exemples des slogans qui avaient été scandés par des membres du conseil national. Les usfpéistes, représentant les régions de Casablanca, Tadla-Azilal, Chaouia-Ouardigha, ainsi que des régions du Nord et du Sud, avaient formulé, lors de cette réunion qui a duré plus de douze heures, des critiques acerbes à l'égard de la direction du parti, lui demandant de se retirer immédiatement de l'Exécutif. Face à cet appel pressant de retrait formulé par la majorité écrasante des membres du conseil, il a été demandé, selon un membre du conseil, aux membres du bureau politique du parti de procéder immédiatement au vote par rapport au retrait ou pas du gouvernement. Toutefois, le bureau politique a refusé cette demande, arguant que la conjoncture politique actuelle ne permettait pas de prendre une décision en faveur du retrait. Selon la même source, les membres du bureau politique avaient quitté, par la suite, la salle où se tenait la réunion, avant de revenir après une demi-heure avec une proposition de communiqué final du conseil ne faisant aucune référence à la question de retrait, chose que le conseil avait rejetée catégoriquement. Face à cette situation de blocage, les membres du conseil national du parti de la rose ont accordé au bureau politique un délai s'étalant jusqu'au 19 mars, date de la tenue de la prochaine réunion du conseil national du parti, pour clarifier sa position. La prochaine réunion du conseil national du parti dirigé par Abdelouahed Radi s'avère, ainsi, décisive.